1001libraires.com met la clé sous le portail

par Frédérique Roussel
publié le 21 mai 2012 à 10h53
(mis à jour le 21 mai 2012 à 10h53)

Le rideau tombe sur un projet désiré de longue date, plombé d'entrée de jeu et achevé en gâchis. Le portail de librairies indépendantes 1001libraires.com stoppe son exploitation. Pour mieux rouvrir, argue le président -- depuis janvier -- de la société PL2i qui le gère, Matthieu de Montchalin, également à la tête du Syndicat de la librairie française. «Les dettes accumulées sont trop importantes, explique-t-il. Il n'est pas possible de parler du passé et du futur.»

Un lancement poussif

Face à des géants comme Amazon, 1001libraires.com comptait occuper le terrain numérique en fédérant autour de lui l'important réseau de libraires français. Sa vocation était la vente en ligne de livres papier ou dématérialisés. Usine à gaz -- 2,5 millions d'euros investis, dont 500000 via le Centre national du livre et 700 000 par les libraires adhérents --, le site avait fini par se lancer le 4 avril 2011 ( lire notre article ) et pâti dès les prémices de couacs techniques.

Première casse

Trois mois après la mise à flot, le projet prend déjà l’eau. Les dépenses flambent rapportées aux revenus, souvent d’une dizaine de ventes par jour. Le couperet fait mal : 4 employés sur 7 licenciés dès juillet 2011 ; certains sont aux prud’hommes. La réorientation est radicale : arrêt des achats de livres, du contrat avec l’entreprise de stockage et avec le prestataire informatique.

Nouveau «souffle»

En janvier, le nouveau président évoque une version 2, plus modeste. Le groupe Gibert Joseph doit se charger de la technique. Mais, las, dixit M. de Montchalin, dur de vanter du neuf avec du passif. «On arrête l'hémorragie pour pouvoir parler du futur» , avance-t-il. L'exploitation est stoppée, les dettes sont à combler, avant de repartir sur un portail «capable d'atteindre les objectifs de mutualisation» . Joli petit fiasco industriel, social et politique quand même qui, sans présager du futur, a fait perdre des années et des fonds.

Paru dans Libération du 19 mai 2012

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