33% des pirates arrêteraient en cas d'avertissement

Selon une étude anglaise, seul un tiers des internautes arrêterait de télécharger illégalement suite à un avertissement. Ils étaient 70% en 2008.
par Astrid GIRARDEAU
publié le 17 juin 2009 à 12h23
(mis à jour le 17 juin 2009 à 17h05)

Outre un joli lapsus -- «Nous allons continuer à nous battre contre le droit des auteurs» -- hier, en séance parlementaire, Christine Albanel a indiqué : «Dès l'automne, partiront des mails d'avertissement, des lettres recommandées, ce qui n'est pas rien. J'observe en effet qu'en Grande-Bretagne, 60% des internautes qui ont reçu un mail d'avertissement ont arrêté de pirater…» . Problème: le chiffre (en réalité 70%) n'est pas une statistique mais le résultat d'un sondage qui date de mars 2008 . Et dans une nouvelle enquête, réalisée par le même cabinet, et publiée la semaine dernière, il a fondu de plus de moitié.

C'était pourtant l'un des chiffres clefs de l'argumentation de la ministre de la Culture. On l'a entendue le citer et le reciter, depuis des mois, à longueur de séances parlementaires et autres interviews, pour souligner le caractère «pédagogique» du projet de loi Création et Internet. S'en inspirant, en juin 2008, Christine Albanel nous indiquait ainsi : «nous espérons une baisse massive du piratage, de l'ordre de 70 à 80 %, chez les personnes qui recevront ces avertissements, c'est le sens même de notre pari. »

Le chiffre est tiré d'une étude réalisée en mars 2008 par Wiggin , un cabinet lié à l'industrie britannique du disque, pour Entertainment Media Research . Selon ce sondage, 70% des internautes anglais interrogés disaient qu'ils arrêteraient de télécharger des fichiers protégés par le droit d'auteur s'ils recevaient, de la part de leur fournisseur d'accès Internet, une lettre ou un appel téléphonique d'avertissement. Un chiffre qui monte à 76,5% chez les adolescents (15-19 ans).

Ces fameux 70% étaient alors massivement diffusés par les médias, puis récupérés par les défenseurs de la mise en place d'un système de riposte graduée. Dont notre ministre de la Culture, ainsi que le rapporteur de la loi, Franck Riester .

Or, la nouvelle étude, toujours réalisée par Wiggin, indique que, cette année, à la même question, ils ne sont plus que 33% à indiquer qu'ils arrêteraient le téléchargement illégal s'ils recevaient un message d'avertissement.

Par contre, le chiffre monte à 80% si la lettre peut être suivie d'une coupure de l'accès Internet. «Une lettre n'est pas suffisante , commente Alexander Ross, l'un des avocats associés du cabinet Wiggin. Il faut une sanction ultime» . A noter que cette conclusion débarque une semaine avant la publication du rapport du gouvernement britannique, le Digital Britain report (pdf) , visant à lutter contre le téléchargement illégal sur Internet. Un document attendu, d'autant que le gouvernement anglais a fait marche arrière ces derniers mois en se positionnant contre la légifération de la riposte graduée, et contre le fait de couper l'accès Internet de ses citoyens.

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