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Aakash, la tablette à 35 dollars qui veut démocratiser l'accès au net

publié le 17 février 2012 à 11h59

Datawind, une petite société établie au Canada, propose la tablette numérique la moins chère au monde : 35 dollars (27 euros) ! Conçue dans les locaux de l'entreprise à Montréal et produite en Inde, cette tablette est destinée à brancher sur le net des millions de personnes pauvres plutôt qu'à séduire les aficionados de l'iPad. Datawind, dirigée par les frères canadiens d'origine indienne Suneet et Raja Singh Tuli, lancera en mars une version améliorée de cette tablette pour un peu plus de 50 dollars (38 euros).

100000 tablettes Ubislate (surnommées d'abord «Aakash» comme comme «ciel», en hindi) ont déjà été vendues au gouvernement indien depuis leur sortie, en octobre 2011, dans le cadre d'un programme d'accès des étudiants aux technologies de l'information. Depuis ce premier contrat public, Aakash a beaucoup fait parler d'elle. «L'accueil est fantastique! affirme Suneet Singh Tuli. Nous recevons environ 30000 pré-commandes par jour. Nous avons déjà reçu trois millions de commandes individuelles» .

«A la fin des années 90, il y avait 750 millions de personnes branchées sur internet et autant d'utilisateurs du téléphone portable. Depuis, le nombre des utilisateurs du portable a atteint six milliards, mais il y a deux milliards d'abonnés à l'internet, un écart de quatre milliards de personnes... Nous pensons que cet écart est dû à la question du prix» , estime-t-il. D'où l'intérêt, selon lui, de lancer une tablette numérique à bas coût qui fait aussi office de premier ordinateur pour les classes défavorisées.

La petite société ne joue pas dans la cour des grands comme Apple (avec son iPad), Samsung (et ses Galaxy Tabs), voire Research in Motion, le fabricant du BlackBerry qui s'est cassé les dents avec son PlayBook. «Les gens qui achètent un iPad ont déjà un ordinateur portable, un ordinateur au bureau, un téléphone multifonctions et d'autres gadgets. Dans notre cas, les clients n'ont rien de tout ça et cherchent un premier appareil» , souligne M. Singh Tuli.

Pour l'heure, seulement 8% des 1,2 milliard d'habitants de l'Inde sont connectés, selon une étude de l'Association des entreprises indiennes de l'internet et du mobile. Google pronostiquait en septembre que le nombre d'internautes en Inde serait multiplié par trois d'ici trois ans grâce à un meilleur accès à l'internet sans fil et aux prix plus abordables des téléphones multifonctions. Pour Singh Tuli, «il est probable que la demande pour les tablettes en Inde dépasse celle des ordinateurs. Le marché peut facilement atteindre 20-30 millions de tablettes par an et nous souhaitons avoir une part significative de ça.»

Mais comment peut-on vendre à profit une tablette numérique à 35 dollars? «le défi est de créer le bon ensemble d'applications pour le consommateur. Est-ce que vous avez vraiment besoin de Bluetooth (système de connexion entre appareils électroniques)? C'est peut-être important pour certains consommateurs, mais pour d'autres, le plus important, c'est le prix. Et pour ce prix, ils veulent avoir l'accès à l'internet, à des applications de base et à la vidéo.»

La tablette Aakash fonctionne avec Android, le système d'exploitation mobile de Google. Elle dispose d'un écran de 7 pouces, d'une connexion Wi-Fi mais pas d'appareil photo, avec 256 Mo de mémoire vive, 2 Go de mémoire flash et un lecteur de cartes micro-SD. Sur Internet, Aakash est passée à la moulinette des spécialistes des nouvelles technologies qui soulignent la faible luminosité de son écran, sa lenteur, le nombre restreint de ses applications et le peu d'autonomie de ses batteries (2 à 3 heures).

Mais malgré ces critiques, l'intérêt ne s'estompe pas. La direction de Datawind a rencontré des responsables de la Banque mondiale pour discuter du potentiel de la tablette comme outil d'éducation dans les pays en voie de développement où le coût d'un iPad par exemple demeure prohibitif.

Après l'Inde, Datawind compte vendre ses tablettes en Thaïlande, en Egypte, au Brésil, et en Amérique latine.

(avec AFP)

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