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Libération

Adobe, AIR de rien

par Sébastien Delahaye
publié le 25 février 2008 à 16h20

C'est la mode du moment: la plupart des principaux acteurs de la navigation sur le web veulent transposer les sites web hors du classique web browser . Mozilla (avec le projet Prism), Sun Microsystem (avec JavaFX) et Adobe (qui, avec son plug-in Flash, archi-domine l'interactivité sur le web) ont tous des projets permettant la création de Rich Internet Applications (ou RIA). Un terme un peu barbare pour désigner un petit logiciel créé avec les technologies toutes simples du web, et pas avec des langages de programmation plus classiques. En pratique, ces RIA ressemblent terriblement aux widgets (ces micro-fenêtres de Mac OS X, de Windows Vista, de Yahoo...) qui étaient à la mode ces dernières années: de petites applications faciles à créer, faciles à installer, mais à l'usage limité.

Face à Mozilla et Sun, c'est Adobe qui a, ce matin, tiré le premier en rendant disponible la première version stable d'AIR. Le petit logiciel se télécharge gratuitement sur le site d'Adobe pour quelques Mo, et, tout seul, ne sert absolument à rien: AIR n'est qu'un environnement, un framework , qui va permettre ensuite à d'autres programmes de s'installer. Ces programmes (les RIA, justement), Adobe en propose un grand total de 30, la plupart sans grand intérêt (des logiciels de messagerie très basiques, des petits outils à usage unique...). A titre d'exemple, les applications mises en avant sur le site d'Adobe concernent AOL (Top 100 des clips diffusés), Ebay et le Nasdaq. Rien de bien excitant.

Adobe semble surtout vouloir reproduire avec AIR le même schéma que pour Flash: rendre son outil indispensable en l'installant gratuitement sur le plus grand nombre de machines, et se rémunérer ensuite en vendant les outils de création de contenu. Flex, le logiciel vendu par Adobe pour créer des applications pour AIR, coûte un peu plus de 214 euros. AIR reprenant des standards existants (HTML, Javascript, CSS) et Flash, l'achat de Flex reste cependant optionnel. Et pour que le schéma d'Adobe fonctionne, encore faudrait-il qu'AIR devienne aussi indispensable que Flash. Ce qui est loin d'être évident pour l'instant.

Les efforts de Sun et de Mozilla, encore à l'état de projets, ne vont pas forcément dans la même direction. JavaFX, annoncé par Sun Microsystems en mai 2007, reste encore bien mystérieux: le logiciel devrait jouer dans la même cour qu'AIR, mais pourrait également vouloir concurrencer Flash. De son côté, Prism, le projet de Mozilla, a une philosophie un peu différente: le logiciel (dont on peut télécharger une pré-version ) permettra d'assigner une fenêtre à une application spécifique. On pourra ainsi, par exemple, mettre son webmail dans une fenêtre à part, qui ne risquera pas de se fermer en cas de plantage du reste du navigateur.

A lire également sur Ecrans.fr :

_ - Adobe : « on peut imaginer que Flash passe en open-source »

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