Afflux d’influences autour de François Hollande

par Sophian Fanen
publié le 24 février 2012 à 16h06

Comment définit-on la politique d’un candidat à la présidentielle sur le numérique -- ou sur tout autre sujet d’ailleurs ? On reçoit, on discute, on se fait influencer dans un sens et dans l’autre, on hésite et on tergiverse. Puis on arbitre au milieu du bazar.

Depuis plusieurs mois, le Parti socialiste, l'équipe de campagne et l'entourage de François Hollande ont donc bouillonné sous influence. Tout d'abord, qui est officiellement en charge du dossier numérique ? Comme si la concurrence avait été organisée en interne, c'était un temps Fleur Pellerin, avant que la parole d'Aurélie Filippetti ne prenne de l'ampleur. Pellerin défendait le remplacement d'Hadopi par «une instance de protection du droit d'auteur» armée de «missions de contrôle et d'avertissement» , quand Filippetti tendait vers une abrogation totale et une contribution des internautes et «acteurs de l'économie numérique»

Florence Gastaud, déléguée générale de la Société civile des auteurs, réalisateurs et producteurs (ARP), lobby du cinéma très actif envers l'équipe de Hollande, parle d'un «chaos pas possible» en début de campagne. «Puis l'affaire MegaUpload nous a rendu service en obligeant tout le monde à prendre position contre ce modèle. A partir de là, Filippetti et Pellerin ont harmonisé leurs violons.»

L'entretien de Libération montre les deux femmes ensemble pour la première fois, défendant un même projet, au nom du candidat Hollande, mais surtout auprès du candidat Hollande, tant celui-ci -- qui a délégué ces dossiers techniques avant d'arbitrer à la confiance en faveur du camp Filippetti -- semble encore influençable.

L'ARP n'est qu'un acteur parmi d'autres des combats de couloirs sur la question du numérique et du financement de la création, qui s'agitent vers la gauche comme vers la droite. Les syndicats de la musique, du cinéma ou du livre ont tous mené d'intenses campagnes de lobbying par voie de communiqué ou lors de contacts directs avec les candidats ou leurs équipes. La Sacem, première des sociétés de perception et de répartition des droits aux artistes, était forcément de la partie. Elle évoque aujourd'hui une «synthèse pas faite» et des «forces en présence» dans l'équipe de Hollande.

C'est le cas de la Quadrature du Net , organisation de défense des droits et libertés en ligne, auprès d'Aurélie Filippetti. C'est aussi des artistes, un groupe resserré ayant directement accès au candidat, comme le réalisateur Bertrand Tavernier, le metteur en scène Bernard Murat ou les hommes de l'audiovisuel Jérôme Clément et David Kessler. Selon une source dans l'équipe Hollande, il faut aussi compter avec Constance Rivière, qui fut rapporteure de la mission Zelnik sur la «Création et Internet» et se pique de culture numérique auprès de Pierre Moscovici, directeur de la campagne socialiste. Sans oublier la compagne du candidat, Valérie Trierweiler, qui se fait le relais de certaines sphères parisiennes. De ce billard à douze bandes est miraculeusement sortie une position. Définitivement figée ?

Paru dans Libération du 24 février 2012

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