Alapage : chapitre final.

par Camille Gévaudan
publié le 27 mars 2012 à 13h46

C'est un peu l'hécatombe dans le petit monde du commerce électronique... Alors que 2xmoinscher a prévu de fermer ses portes le 18 avril prochain, Alapage.com annonce aujourd'hui qu' «une page se tourne» pour lui aussi.

Lancé en 1996 sur une Toile française encore balbutiante, Alapage était le premier site hexagonal à vendre des produits culturels : livres, cassettes VHS, disques et CD-Rom. La bulle Internet grossissait à vue d'œil et Patrice Magnard, PDG d'Alapage, a rapidement commencé à discuter du rachat de sa prometteuse plateforme avec la Fnac. Mais les négociations n'ont rien donné. En septembre 1999, c'est la division «multimédia» de France Télécom qui finit par mettre la main dessus pour 320 millions de francs (près de 49 millions d'euros). Passé de quatre à une centaine d'employés en trois ans, gérant 14000 commandes par mois, le site était devenu trop gros pour rester indépendant. Patrice Magnard expliquait au Journal du Net vouloir s'adosser à un grand groupe pour ne pas risquer d'exploser en plein vol : «Je préfère arriver deuxième aux 24 heures du Mans que d'exploser en Formule 1 pour un problème technique.»

Le catalogue d'Alapage s'est largement diversifié au fil du temps. Une première fois en 2005 grâce à l'ouverture d'une rubrique billetterie en partenariat avec Ticketnet, d'un service de téléchargement de logiciels et de jeux vidéo, puis en avalant les rayons high tech et petit électroménager de feu Marcopoly.com. Deuxième vague de rachats et deuxième poussée de croissance en 2006, pour tenter d'enrichir l'offre de matériel informatique grâce aux catalogues de Top Achat et Clust, et de livres avec ceux de Galaxidion et Lalibrairie.

Les grosses difficultés sont arrivées en 2008. Fragilisé par la féroce compétition menée par deux géants de la distribution culturelle, la Fnac et Amazon, Alapage n'a jamais atteint la rentabilité espérée par France Télécom, qui aurait perdu 21 millions d'euros dans l'aventure et commence à faire courir le bruit d'une cession.

En 2009, Alapage commence par lâcher Top Achat et Clust à son concurrent RueDuCommerce. Quelques mois plus tard, il lui a également cédé son adresse URL (alapage.com), sa marque, son fichier clientèle et ses contrats de propriété intellectuelle. L'acquisition est aujourd'hui finalisée: «Alapage a décidé de transférer l'ensemble de son offre sur RueDuCommerce.com , annonce l'e-mail envoyé ce matin à tous ses clients. En s'appuyant sur un site généraliste, nous souhaitons vous offrir une gamme de produits plus large.»

PriceMinister étant japonais et Leboncoin norvégien depuis quelques années, le web marchand français est désormais de plus en plus désertique.

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