Apple Plans, en dépit du bon sens

par Camille Gévaudan
publié le 11 octobre 2012 à 18h07

Jour après jour, le désastre d'Apple Plans révèle toute son ampleur. Les possesseurs d'iPhone atterrés par la nouvelle application de cartographie made in Cupertino ont commencé par collectionner toutes les erreurs, approximations et déformations géographiques les plus désolantes sur un blog . On a ensuite entendu parler de la panique générale qui règne actuellement chez Apple, cherchant selon Techcrunch à embaucher d'ex-employés de Google Maps pour les aider à redresser la barre au plus vite. Et aujourd'hui, on apprend encore que ce lancement raté aurait pu être évité si Apple avait daigné écouter les retours de ses bêta-testeurs, qui ont tiré la sonnette d'alarme à de nombreuses reprises.

Six développeurs informatiques qui avaient accès à l'application avant sa sortie officielle se sont confiés au site Cnet sous couvert d'anonymat. Ils expliquent avoir bombardé Apple de rapports de bugs, envoyé des e-mails aux responsables de l'application, posté des messages sur des forums privés auxquels seule l'équipe Apple et d'autres développeurs avaient accès. Rien à faire : leurs remarques n'ont pas été prises en compte.

«Cette expérience a été très frustrante» , raconte l'un d'eux. D'autant plus que les outils de signalement de bugs n'étaient pas vraiment adaptés à la situation : «J'ai poussé des coups de gueule à chaque nouvelle version bêta de l'application, et je n'était pas le seul à les avertir. Selon l'avis général des développeurs, les cartes étaient tellement catastrophiques qu'il devenait inutile de signaler des erreurs individuelles. Ce qu'il nous aurait fallu, au lieu d'une interface pour pointer un problème isolé, c'est un outil pour sélectionner une région entière et dire : "tout ça, là, c'est faux".»

Mais la sortie de l'application a été précipitée pour coïncider avec celle du nouveau système d'exploitation pour iPhones, iOS 6. Elle a même été présentée comme l'une des nouveautés phare. Le temps leur a clairement manqué. «Si Apple avait voulu faire les choses correctement, ils auraient dû se donner une année supplémentaire pour tout corriger» , analyse le développeur. Comme il est trop tard pour faire machine arrière, les corrections et améliorations devront désormais se faire en public. On a par exemple remarqué que depuis la sortie de l'application, Apple a augmenté la puissance du zoom sur les vues satellite pour retrouver son niveau antérieur (celui des cartes issues de Google Maps).

Et pendant qu'Apple rame, Google en profite bien évidemment pour faire le malin. «Apple aurait dû garder nos cartes» , fanfaronne Eric Schmidt, désormais président du conseil d'administration, dans une interview accordée à All Things D . «Ils ont décidé depuis longtemps de produire les leurs, mais ils découvrent seulement maintenant que c'est un exercice très complexe.»

Google lance d'ailleurs cette semaine la plus importante mise à jour de l'histoire de Street View, son service de navigation virtuelle. 402336 kilomètres de routes bénéficient de nouveaux clichés et de nombreuses villes supplémentaires sont couvertes en en Suède, aux États-Unis, en Italie, en Grande-Bretagne, au Danemark, en Australie... Certains lieux touristiques ont également été photographiés sous toutes leurs coutures : le Bois de Vincennes à Paris, le Parc de l'Orangerie à Strasbourg, la croisette de Cannes, la Place Stanislas à Nancy...

Les Jardins du Barry à Toulouse

Et pour finir d'enfoncer le clou, des rumeurs persistances laissent entendre que Google prépare une version iPhone de son emblématique Google Maps, pour offrir le plus tôt possible une bonne alternative aux utilisateurs déçus par Apple. L'information n'est ni confirmée ni infirmée par Eric Schmidt, mais ce dernier dit déjà craindre des représailles : «Si on lançait notre appli sur l'AppStore, il faudrait qu'elle soit approuvée par Apple... Et ils n'ont pas validé toutes nos applications par le passé» . On se souvient notamment de Google Voice, banni du marché d'applications d'Apple pendant seize mois, car elle faisait directement concurrence aux fonctionnalités d'appel de l'iPhone.

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