Apple : du nuage, du Lion, et des petits oiseaux qui volent

par Alexandre Hervaud
publié le 6 juin 2011 à 21h17
(mis à jour le 7 juin 2011 à 12h55)

L'évènement était attendu par tous les gagas d'Apple et les trafiquants d'organes du monde : la Worldwide Developer Conference cru 2011 s'est tenue ce soir à San Francisco. Autant vous le dire, on n'y était pas, même pas en stream, donc on va faire une confiance aveugle à nos confrères d' Engadget , de Techcrunch et de la Charente Libre .

La conférence a commencé par l'entrée sur scène très applaudie de Steve Jobs et d'une photo de lion (et aussi du logo du système d'exploitation mobile iOS 5 et d'un nuage, qu'on a d'abord pris pour une nouvelle app' météo).

Renseignements pris, le fauve fait référence au nouveau système d'exploitation d'Apple, Mac OS X Lion, qui sera uniquement disponible via le Mac App Store dont on parle plus bas. L'occasion rêvée de partager la version hollandaise d' Hakuna Matata :

Le saviez-vous ? Apple compte 54 millions d'utilisateurs de Mac dans le monde, et 73% des ordinateurs vendus aujourd'hui par la marque sont des portables. Pour en revenir aux nouveautés présentées concernant l'OS Lion, on peut noter le multi-touch (tactile multipoint d'après l'Office québécois de la langue française) qui permettra aux propriétaires de portables de ne pas réserver la primeur des traces de doigts dégueulasses à leur iPad. D'aucuns commentateurs parlent de la mort de la souris, ce à quoi nous répondrons : pourquoi ne pas avoir nommé le système iOS Kittycat ?

Autre nouveauté présentée, le Mission Control. Derrière ce nom qui fleure bon le Steven Seagal de deuxième partie de soirée sur NT1 se cache la possibilité d'avoir une vue d'ensemble de toutes les tâches accomplies sur l'ordinateur (documents ouverts, applications en marche, etc.), de passer de l'une à l'autre d'un claquement de doigt ou presque, à coup de zoom et de dézoom rappelant les vieux Jackie Chan . Du moins c'est comme ça qu'on l'imagine, n'ayant pas vu de vidéo de démonstration.

On aurait par exemple bien aimé jeter un œil à la démo du nouveau Photo Booth, le logiciel qui permet de prendre photos et vidéos via la webcam de l'ordinateur, et a priori d'incruster des oiseaux volants autour de son visage via le miracle de la reconnaissance faciale.

La keynote n'a hélas pas permis de savoir si, dans le cas où une autruche ou un faisan se retrouverait devant la webcam, des petits bonhommes volants pourraient également apparaître autour de leur tête.

Lancée en janvier dernier, le Mac App Store est présenté comme «une tuerie qui déchire et qui plait trop aux développeurs et qui s'est abattu sur la concurrence façon Sofitel» (on synthétise). La conférence s'est par ailleurs penchée sur le service Resume (reprendre, en VF), qui permet de retrouver une application dans le même état qu'elle était une fois quittée, ainsi qu'Auto Save qui permet, comme son nom l'indique, de faire des sauvegardes sans prendre la peine de le faire, et sa variante Versions qui laisse la possibilité de retrouver un document à différentes étapes de sa confection.

Présenté comme une alternative moderne au bon vieux partage de documents par clé USB, AirDrop est un service basé sur le transfert peer-to-peer via WiFI permettant d'échanger des fichiers avec d'autres utilisateurs connectés à AirDrop. Et parce que échanger des mots, ça peut également servir, le Mail a également connu son petit lifting de rigueur, notamment avec l'arrivé de fil de discussion (Conversation View) ; pas de quoi impressionner les utilisateurs de Gmail à première vue.

[MAJ] Une vidéo officielle présentant l'OS X Lion :

C'est bien beau tout ça, mais combien ça coûte, cet OS Lion ? 29,99 dollars, contre 129 pour les versions précédentes. Les 100 dollars d'écart seront reversés par Apple à des associations de bienfaisance. Non, c'est une blague. Ce qui ne l'est pas, par contre, c'est que 200 millions de produits fonctionnant sous iOS (iPhone, iPad, iPod Touch, etc.) ont été vendus à ce jour. Avec 14 milliards de téléchargements d'applications enregistrés, Apple a reversé 2,5 milliard aux développeurs (rappelons que la firme ponctionne 30% à chaque achat).

Le système d'exploitation iOS 5 connaîtra également plusieurs changements (nouvelle présentations des notifications/alertes jusqu'à présent souvent intrusives, par exemple ou la fonction Reading List, un clone d'Instapaper permettant de lire des articles favoris plus tard), et l'apparition du service Newstand (le kiosque, donc), permettant le téléchargement de journaux et magazines dans un seul et même endroit, et non via une application différente par média. Il a également été question de la caméra (mais sans citer la nouvelle d'un brevet interdisant l'enregistrement de concerts ).

[MAJ] Vidéo officielle de présentation de l'iOS 5 :

Comprenant le désarroi de ses nouveaux clients après l'achat d'un iPhone qui se voient obligé de brancher leur bousin à leur ordi via le fil propriétaire pour lancer sa mise en route, Apple a décidé de couper le cordon :

Fini le branchement au bon vieil ordi, c'est du passé, tout se passe dans l'air. Parce que les bons vieux SMS/MMS se portent toujours bien, Apple a présenté iMessage, une nouvelle façon de gérer l'envoi et le réception des textes, photos et vidéos (en gros, pour les connaisseurs de BlackBerry, c'est BBM pour iPhone). On vous la fait courte : tout ça sera disponible à l'automne.

Bon, c'est pas tout ça, mais nous, ce qu'on attendait, c'était la présentation d'iCloud. On avait même préparé ce montage pourri, c'est dire :

De retour sur scène (oui, il était parti depuis le début ou presque, en fait), Steve Jobs est venu présenter son système de stockage en ligne qui permet d'accéder aux contenus ainsi synchronisés (on ne parle pas que de musique, photos ou vidéos mais aussi de contacts, etc.) depuis plusieurs appareils -- la tablette, le téléphone, le grille-pain -- , façon méga disque dur commun et virtuel. «Tout cela se déroule de manière automatique, il n'y a rien de nouveau à apprendre, ça marche et puis c'est tout» jure Jobs avec une confiance que l'on ressortira dès les inévitables bugs ou hacking de la chose. Réinventant Google Docs, le nuage de la pomme permettra de créer des documents accessibles depuis n'importe quel autre terminal Apple. Contrairement à son ancêtre MobileMe permettant déjà du stockage en ligne et des synchronisations diverses, iCloud sera gratuit. Pour iTunes, par exemple : en version nuageuse, toutes les pistes achetées seront disponibles via iCloud sans surcoût mais surtout sans longue synchronisation sur d'autres appareils Apple.

La chose est vendue comme «une première dans l'industrie de la musique» , on lui prédit un succès fou chez les Mac Addicts.

Un stockage gratuit de 5Go est annoncé pour les mails, documents et sauvegardes (sans compter la musique achetée, les photos, les apps et les ebooks, donc). La version beta pour développeur est d'ores et déjà disponible, le commun des mortels devra attendre l'automne. Pour son sempiternel one more thing, Stevie s'est réservé le service iTunes Match, qui permettra de scanner l'intégralité de la bibliothèque musicale de l'ordinateur (même les mp3 rippés du CD du petit frère) et d'y faire correspondre les versions de bonne qualité vendues sur l'iTunes si elles existent (les pistes seront dans le cas contraire uploadées), le tout pour 24,99 dollars par an. Du côté de chez Amazon, pour un service comparable, le coût serait de 200 dollars à en croire Jobs.

Mais où va-t-il stocker tout ça ? Le premier qui répond in your ass a perdu, car Steve a mis un point d'honneur à vanter le tout nouveau data-center construit pour Apple, que voici donc :

Alors certes, 25 dollars par an, c'est a priori moins cher qu'Amazon dont on guettera la réaction, et moins également qu'un abonnement annuel à Spotify dont certaines fonctionnalités récentes évoquent celles ici proposées. Reste qu'au final, cet iTunes Match, bien qu'orienté vers l'accès et la dématérialisation, reste encore et toujours basé sur l'achat à l'unité de fichier mp3 (ou le bon vieux rip de CD, n'osons pas ici évoquer le téléchargement illégal). Et à l'heure où, malgré les bâtons dans les roues glissés par les majors , le streaming semble devenir un sérieux concurrent à l'achat de fichier, la stratégie ne manquera pas d'être taxé de ringarde par beaucoup, n'en déplaise à l'innovation technique proposée aujourd'hui.

[MAJ] On n'est pas les seuls à désacraliser Steve Gods, ces petits sacripants de Mobile en France ont résumé les principales nouveautés annoncées selon le principe dit de l'aspirateur :

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