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Libération

Après un an de silence, Radio.blog.club condamné

par Camille Gévaudan
publié le 4 septembre 2009 à 16h31
(mis à jour le 5 septembre 2009 à 14h02)

Cela faisait un moment que nous n'avions plus de nouvelles de Radio.blog.club, le site d'écoute de musique en streaming qui a fait un carton ces dernières années. L'histoire du site a été mouvementée : créé en 2003, il a été attaqué une première fois par les sociétés de gestion des droits d'auteur en mars 2007, car il donnait accès à des morceaux de musique sans verser de rémunération aux ayants droit. Les serveurs du site ont été fermés, mais le site est revenu en ligne à peine quatre jours plus tard, après un rapide «déménagement».

Le service a de nouveau été coupé, un an plus tard, en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Depuis ce jour, et même s'il a été possible durant un moment d'y accéder en passant par un proxy , la page d'accueil du site est restée figée sur l'annonce : «Nous avons décidé de mettre le site entre parenthèses pendant quelques jours avant de revenir avec un service encore plus innovant et plus équitable pour chacun.»

Et puis, le procès. Hier, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Radio.blog.club non pas pour la diffusion d'œuvres protégées, puisque celles-ci n'étaient stockées que sur le serveur FTP des membres du site, mais pour la mise à disposition du public d' «un logiciel conduisant à l'écoute et au partage non autorisé d'œuvres musicales protégées» . Les créateurs du site, Benoît Tersiguel et son père, ont écopé chacun d'un an de prison avec sursis et de 10 000 euros d'amende. Ils devront en outre reverser le montant des recettes publicitaires du site accumulées depuis 2007, soit un peu plus d'un million d'euros, à la SCPP (Société Civile des Producteurs de Phonogrammes) et la SPPF (Société des Producteurs de Phonogrammes en France).

Il a été estimé que Radio.blog a mis «en péril la création artistique, la production musicale et la survie même des artistes-interprètes» et que la société Mubility, créée par les Tersiguel pour la gestion du site, «est née et s'est poursuivie en dehors de tout cadre légal, au mépris des droits de la propriété intellectuelle» . Benoît Tersiguel avait pourtant affirmé son intention de trouver avec la SACEM un accord pour «verser à "qui de droit" et "où il se trouve dans le monde" la part des revenus publicitaires.» Mais il a refusé la proposition d'un reversement de 8% de leur chiffre d'affaires, jugeant le pourcentage trop élevé par rapport à la faible proportion des internautes français dans leur trafic mondial, et des artistes français dans les recherches effectuées sur le site.

Le site Blogmusik.net, qui se trouvait à l'époque dans une situation similaire, avait, lui, accepté cette solution et réouvert ses portes sous le nom de Deezer. Son fondateur Jonathan Benassaya expliquait à ZDNet que la nouvelle architecture du site leur permettait de faire «un véritable reporting» aux ayants droit : «désormais nous stockons la totalité des contenus diffusés, et nous avons la possibilité de dire qui a écouté quoi, combien de fois.» Deezer a par la suite signé des accords avec plusieurs majors pour élargir son catalogue de centaines de milliers de titres, et rencontrer le succès qu'on lui connaît aujourd'hui. De son côté, Radio.blog.club n'a jamais réussi à négocier une autre solution avec la SACEM.

Fin de l'histoire ? Pour Radio.blog.club, sans doute. Mais peut-être pas pour Benoît Tersiguel, qui veut défendre «un principe vieux comme le monde appelé "tiens écoute ça !" sans qui la musique n'existerait pas.» Il a écrit hier sur son compte Twitter qu'il a «perdu la bataille mais pas la guerre» , et que son «énergie à avancer sur des projets innovants reste intacte» . On suivra cette énergie et ces projets avec intérêt.

Sur le même sujet :

- Le site du jour : Radio.Blog.Club (07/11/06)

- Radio.blog.club réduit au silence (15/03/07)

- Et Radio.blog.club remet le son (19/03/07)

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