Regarder de l'art vidéo dans les musées ou galeries relève souvent du challenge, voire de l'abnégation. Difficile de rester concentré sur les images lorsqu'on est debout dans les courants d'air ou parasité par les bruits ambiants. La grande foire d'art vidéo LOOP a opté pour une solution originale : les professionnels sont invités à enquiller les vidéos d'artistes toute la nuit, allongés sur les lits des chambres d'un hôtel barcelonais. Une initiative qui a peut-être mis la puce à l'oreille d'Arte. La chaîne culturelle propose samedi soir, à partir de 23 heures, une Video Night, soit une orgie visuelle de près de quatre heures. Ce qui relève quasiment de la performance physique. Plus de 80 œuvres (ou extraits) balayent le vaste champ de ce média métissé qui se frotte à la photographie, au cinéma, à l'animation, aux arts plastiques, au Net, constituant, selon la présentatrice Rebecca Manzoni, «un musée vivant et éphémère». La sélection éclectique, où l'anecdotique flirte parfois avec le sublime, fait la part belle aux nouvelles générations, petits-enfants de Bill Viola, Nam June Paik ou Bruce Nauman. Kaléidoscopes d'images graves (comme le numéro de hula hoop en barbelé de l'Israélienne Sigalit Landau), grinçantes (Franck Scurti et son remake boursier de la Linea) ou troublantes, comme cette cartographie des émotions populaires de Yann Leguay, visualisant l'activité des téléphones portables dans la ville. La partie la plus intéressante, mais aussi la plus tardive, est celle consacrée à la rencontre entre l'image en mouvement et la musique, avec un extrait du spectacle de Carlos Franklin et Roque Rivas à New York, ou les hypnotiques expérimentations synesthésiques des Japonais Dumb Type. Le tout se veut grand public et didactique, entrecoupé d'explications d'experts comme l'artiste Alain Fleischer, directeur du Fresnoy, dont les productions sont largement représentées ; de Frank Madlener, de l'Ircam ou de Jean de Loisy, critique d'art.
Arte, samedi 24 octobre, à partir de 23h, www.arte.tv/videonight