WorMee, un Deezer à la sauce Orange

par Romain GOULOUMES
publié le 16 avril 2009 à 11h37
(mis à jour le 16 avril 2009 à 11h54)

Vêtu de pied en cap d'un voile bicolore, parsemé de quelques touches pop « orange », pour rappeler que le site est avant tout une initiative du fournisseur téléphonique coloré plutôt qu'une entreprise bon enfant (comme le profil de la WorMeefamily voudrait le faire paraître), le dernier concurrent en date de Deezer est accessible au public depuis hier matin. WorMee , un barbarisme anglophone en deux parties. D'un côté le lombric, animal fouisseur de la classe des oligochètes pour l'aspect recherche et exploration du « terreau » musical. De l'autre la tendance communautaire librement inspirée de la concurrence et de facebook.

Sorti d'une bêta test privée où seuls 1500 internautes étaient conviés, suivie d'une pause pour effectuer les derniers réglages, WorMee est enfin accessible à l'internaute lambda. Bien qu'en phase de finition, le site est entièrement fonctionnel et se place dès le départ sur le même créneau que Jiwa.fm et consort. Du streaming en ligne, gratuit, légal et alimenté par les labels partenaires ainsi que par les membres inscrits, les «Wormz» (du moment que les morceaux et leurs artistes soient signataires chez les dits labels).

Souris en main et casque sur la tête, WorMee surprend. Par son ergonomie d'abord, presque aussi aboutie que la pointure en la matière, Spotify (payant ou uniquement accessible sur invitation d'un membre). Tout en sobriété, le lecteur placé sur le côté gauche de la page répond dès le premier clic et, à condition de ne pas multiplier les fenêtres à base de flash, dans la seconde. De quoi changer de Deezer , dont les pages surchargées multiplient appels de pied et sollicitations visuelles jusqu'à saturation. Ce qui n'est pas pour arranger le leader français, fragilisé qu'il est par des lenteurs et des problèmes d'interface devenus réguliers. Le raccourci «acheter », discret, dirige indistinctement vers le service d'achat en ligne d' Orange ou sur Alapage , Amazon et Itunes .

Comme Deezer et Jiwa avant lui, nul besoin d'avoir son compte WorMee pour profiter des playlists et des artistes mis en avant par le site. De ce côté-là, pas de surprise. L'excellente dernière ponte de Bat for Lashes et le phénomène androgyne mi-duvéteux mi-warholien Sliimy occupent fièrement la home page. Par contre, grand absent de Deezer, Neil Young « Le benjamin Button du rock » est bien présent sur WorMee.

A l'écoute, le résultat est tout à fait acceptable. Moins pur, moins profond que celui de Jiwa, le son reste d'une qualité équivalent à celle de Deezer. Mais s'arrêter à ces considérations techniques, bifurquer vers Spotify sans passer par la case « S'inscrire », ce serait manquer le coche WorMee.

Créer son compte, c’est rejoindre la communauté des “Wormz”. Deezer mise sur sa bibliothèque (3,7 millions de morceaux accessibles. WorMee table sur 4 millions dans les 18 mois) et la fidélité de ses habitués (7 millions de membres), Jiwa compte sur la qualité sonore et sa programmation pour faire la différence. Pour le lecteur d’Orange, l’aspect communautaire et les facilités d’utilisation sont présentés comme des atouts de poids. Partager ses playlists, créer sa propre page avec sa bio et son avatar personnel... WorMee reprend les poncifs du genre et les adapte à la sauce Twitter. Ainsi, “Mon Wormee” pourra s'enrichir de nombreux followers et d'autant de trackmasterz, ces utilisateurs qui nous suivent ou que l’on peut pister en permanence.

Du point de vue contenu, la bibliothèque de WorMee privilégie l'ajout de nouveaux morceaux par l'internaute. Si le site fait aujourd'hui pâle figure face à la concurrence, WorMee devrait voir sa cdthèque s'agrandir de manière exponentielle dans les prochains jours. Avec ça, et une campagne marketing adaptée, le lombric d'Orange saura probablement faire son trou sur le terrain de la musique en streaming. Tant qu'un certain Spotify ne fait pas trop parler de lui.

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