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Critique

Beaune to be wild

Cinéma. Tavernier et «Bronson» ont dominé le festival du film policier.
par Bruno Icher
publié le 7 avril 2009 à 6h51
(mis à jour le 7 avril 2009 à 6h51)

Après presqu'un quart de siècle d'assignation à résidence à Cognac, le festival du cinéma policier a élu domicile à Beaune. Cinq jours de films, de mercredi dernier à dimanche, venus de tous les continents et des tournées générales à gogo, ainsi que le soulignait Claude Lelouch : «Lever le coude, c'est la meilleure manière de ne pas baisser les bras.» Assez ri, place à la programmation, dense et agréablement équilibrée. Les gros calibres avaient fait le déplacement avec Dans la brume électrique de Bertrand Tavernier, d'après le meilleur roman de James Lee Burke, qui s'octroya le grand prix, ou le rouleau compresseur OSS 117 : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius, hors compétition et qui, grâce à la seule présence de Jean Dujardin, a assuré le succès populaire de la manifestation.

Cette première édition valait surtout pour la découverte de films à la notoriété plus confidentielle. Par exemple, The Beast Stalker du Hongkongais Dante Lam, énième variation sur le thème de la rédemption qui séduit par ses séquences virtuoses et pour la découverte d'un salaud de très haute tenue en Nick Cheung, borgne féroce et retors.

A l'exact opposé, la Dame du lac, premier film Andrea Molaioli, archiclassique, sur l'enquête d'un vieux flic fatigué dans un village de montagne. La veine de Simenon irrigue cette affaire et comme le flic en question, c'est Toni Servillo, il peut faire son numéro pendant des heures sans que personne ne s'en fatigue. Dans un genre plus western que polar, Terribly Happy du Danois Henrik Ruben Genz, ne tient pas totalement la distance, mais offre un bon moment d'exotisme en mettant aux prises un lieutenant de police sous anxiolytiques et la rude population du Jutland, région nordique dont le climat rappelle un baba au rhum oublié dans le congélateur.

Comme il faut bien quelques déceptions, Loft du Belge Erik Van Looy, plus grand succès en Belgique de tous les temps, se révèle un thriller maniéré et moraliste dans lequel cinq quadras friqués s'offrent un loft en propriété partagée pour s'y livrer à des galipettes adultérines. Ils seront bien punis. La bonne surprise vient de l'Espagnol Agustín Díaz Yanes avec Solo Quiero Caminar, chronique nerveuse d'une guerre à mort entre un gang de cambrioleuses espagnoles culottées et la mafia très burnée de Mexico, avec l'ombrageux Diego Luna, admirable en petite frappe névrosée se métamorphosant en bandit magnifique.

Surtout, Beaune pourra s'enorgueillir d'avoir récompensé du prix Sang neuf, le choc Bronson de Nicolas Winding Refn. D'après l'histoire authentique d'un délinquant de sa Très Gracieuse Majesté, devenu le «détenu le plus dangereux d'Angleterre», le réalisateur danois (auteur de la trilogie Pusher) signe un stupéfiant portrait de violence intérieure. Biffons d'ores et déjà le 15 juillet sur les agendas, jour de sortie de Bronson sur nos écrans.

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