Bientôt des «.écrans» ou «.jaimelesartichauts»?

Attendue depuis longtemps, la libéralisation des noms de domaine générique devrait se concrétiser au premier trimestre 2010.
par Astrid GIRARDEAU
publié le 11 mai 2009 à 12h50
(mis à jour le 11 mai 2009 à 13h58)

En juin dernier, Paul Twoney, le président de l'Icann (Internet corporation for assigned names and numbers), l'organisme, qui centralise au niveau mondial l'attribution des extensions génériques de noms de domaine (ou gTLD) annonçait la libéralisation prochaine des extensions génériques de noms de domaine. «Les 1,3 milliard d'internautes pourront acquérir des adresses génériques , expliquait-il alors, en déposant des noms courants comme .amour, .haine ou .ville. » Depuis, la date à laquelle les intéressés pourront déposer un dossier de candidature a sans cesse été repoussée. Dans un communiqué du 7 mai, l'Icann s'est engagé sur le premier trimestre 2010.

Jusqu'ici, le nombre de ces gTLD a volontairement été restreint. Aujourd'hui, il en existe ainsi vingt et un («.com», «.org», «.net»...). Une situation dénoncée, depuis des années, par certains. «Il y a de nombreux mouvements très divers, communautaires ou d'intérêt financier qui font pression sur l'Icann , nous expliquait alors Cédric Manara, professeur à l'EDHEC, et l'Icann a finalement répondu à leur attente.» De son côté, l'organisme explique y voir une opportunité «pour le choix, l'innovation et la compétition» au bénéfice du consommateur.

Alors, bientôt une adresse ecrans.écrans ? Pas si simple. Le particulier ou l'entreprise qui veut acquérir une extension générique devra donc déposer un dossier. Pour être éligible, sa demande devra répondre à certains nombres de critères définis dans un guide, le Draft Applicant Guidebook (pdf) , dont une nouvelle version est attendue. Mais surtout cela se paye. En juin, on parlait de quelques milliers de dollars. «Un particulier, sauf un milliardaire, aura du mal à monter un projet d'extension générique» , commentait alors Loïc Damilaville, directeur général adjoint de l'Afnic (Association française pour le Nommage Internet en Coopération). L'estimation était pourtant basse. Toujours dans son guide, l'Icann évoque un coût de 185000 dollars.

On peut alors se demander si de nouvelles extensions vont vraiment s'imposer, et si cette ouverture va finalement soulager les extensions les plus surchargées comme le «.com». Ce n'est pas l'avis de Manara. Au contraire, selon lui, «plus il y a d'extensions, plus cela fortifie la valeur des .com» Un des autres chantiers de l'Icann en cours est l'internationalisation des noms de domaines , c'est-à-dire l'introduction de sites en caractères non romaine (arabe, chinois, perse, russe, hindi, grec, coréen, yiddish, japonais et tamoul).

A noter qu'au premier trimestre 2010, le contexte de l'Icann aura peut-être changé. En fait, son accord avec le Département du Commerce américain, dont elle sous tutelle depuis sa création, se termine au 30 septembre 2009. Et certains, comme la commissaire européenne Viviane Reding aimerait en profiter pour que l'organisme devienne totalement indépendant.

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