BlackBerry : smartphones sous surveillance

Aux Emirat Arabes Unis, une mise à jour du système contenait un spyware.
par Thibaut Charron
publié le 29 juillet 2009 à 12h47
(mis à jour le 29 juillet 2009 à 14h32)

Les 145 000 possesseurs de BlackBerry aux Emirats Arabes Unis doivent se poser quelques questions. Etisalat, un opérateur mobile possédé majoritairement par le gouvernement, a distribué la semaine dernière une mise à jour à télécharger pour les smartphones. Certains utilisateurs ont alors remarqué qu'après la mise à jour, la batterie de leur téléphone avait tendance à fondre plus vite. Et pour cause : on venait fouiller à l'intérieur.

La mise à jour ressemblait en effet à un spyware, donnant la possibilité à un tiers de parcourir le contenu des fichiers du propriétaire de l'appareil. RIM, le fabriquant des BlackBerry basé au Canada, dit ne pas avoir autorisé cette mise à jour et « n'a pas été impliqué d'une quelconque manière au test, à la promotion ou à la distribution de ce logiciel » . Malgré un communiqué de presse d'Etisalat prétendant que « la mise à jour était nécessaire pour l'amélioration du service » , le système distribué semble bel et bien être un programme de surveillance développé par la société californienne SS8 Network Inc. Selon leur site , l'entreprise est « leader dans l'interception de communications et fournisseur mondial de solutions d'interception électronique et de surveillance » . Beau programme.

Selon le Wall Street Journal , la mise à jour pouvait notamment intercepter des e-mails et en envoyer des copies à Etisalat. Depuis, un sondage a déterminé que plus de la moitié des utilisateurs de BlackBerry avec Etisalat voulait laisser tomber l'opérateur. Abdullah Hashim, son vice président, a déclaré lors d'une interview au journal Arab News : « L'espoir que nous avions placés dans la manière dont le patch améliorerait les choses ne nous a pas vraiment satisfait : il a causé des problèmes, malgré les tests. Mais nous ne regrettons pas cette tentative » . Rassurant. En attendant, le but exact de la manœuvre reste inconnu.

Les Emirats Arabes Unis est cité comme étant «sous surveillance» (ce qui était d'ailleurs le statut de la France en 2008) quant à la censure d'internet sur cette page Wikipedia inspirée de données fournies par l'association Reporters Sans Frontières. Certains sites comme Flickr y sont tout de même bloqués, et cet épisode (qui n'est pas sans rappeler la très récente expérience d'Amazon et de ses suppressions à distance sur son Kindle ) ne plaidera sûrement pas en faveur du pays.

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