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Libération
Critique

Burnes in the USA

Sortie des deux premiers DVD de la collection «l’Age d’or du X américain».
par Gilles Renault
publié le 30 janvier 2010 à 0h00

Septuagénaire bien mise, Juliet Anderson en glousse encore lorsqu'elle raconte comment, découvrant sur un plateau de tournage la conjugaison au féminin pluriel des plaisirs du sexe, les techniciens avaient quasiment dû la ceinturer pour interrompre un cunnilinctus qui, à leur goût, n'en finissait pas. Son témoignage figure dans les bonus de Coed Fever (Fièvre au lycée), premier extrait - avec Debbie Does Dallas (Dallas lolitas) -, des vingt films de la collection «l'Age d'or du X américain» qui, à raison de deux livraisons bimestrielles, permettront de se (re)plonger également dans les Devil in Miss Jones, Insatiable, Desires within Young Girls, Little Girls Blueou Deep Rub d'antan.

Par «âge d'or», on entend ici une période faste, du début des années 70 au début des années 80, durant laquelle le créneau, boosté par les centaines de millions de dollars de bénéfices des Xanadu old school de la turgescence que furent Gorge profonde et Derrière la porte verte, s'émancipe en une floraison de productions léchées - si on peut dire : tournages en 35 mm, personnel compétent (c'est par exemple Gary Graver, chef op tardif d'Orson Welles, qui alignera plus de cent pornos, dont Coed Fever ou The Ecstasy Girls, sous le pseudo de Robert McCallum), volonté gentiment insolente d'émancipation… Les tournages coûtent alors plusieurs dizaines de milliers de dollars et l'ex-étalon Mike Horner, qui avait jadis répondu à une petite annonce stipulant«horaires attractifs et bonne rémunération», se souvient de parties de jambes en l'air avec pas moins de «vingt ou trente personnes derrière la caméra».

Les films possèdent même un semblant d’histoire qui, avec le recul (comment veux-tu, comment veux-tu …), ne vaut certes pas tripette - en général des jeunesses dévergondées qui en font voir de toutes les couleurs à des hommes aussi casés que libidineux - mais témoigne d’un enjouement synonyme d’ardeur chez les hardeuses et leurs partenaires.

A l’époque, les filles ont encore des poils (beaucoup, parfois), les garçons ne sont pas obligatoirement montés comme des ânes, la sodomie n’est pas inéluctable et tout le monde (comme le raconte Mike Horner ébahi d’avoir vécu sa première pipe sur un plateau) semble s’en payer une bonne tranche. Puis surviendront l’industrialisation du secteur, le diktat économique de la vidéo, la silicone, les années sida…

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