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Libération

CV en ligne de mire

par Anaïs Huet
publié le 19 octobre 2011 à 15h52

Etudes, expériences professionnelles, langue, hobbies; le tout accompagné d’une lettre de motivation manuscrite, avec ou sans photo d’identité… Les traditionnels CV pour trouver un emploi sont-ils en passe de devenir totalement obsolètes? C’est la question que l’on peut se poser en observant la montée en puissance du numérique dans le recrutement. Curriculum vitae en ligne et médias sociaux apparaissent désormais comme des clés incontournables. Pour les entreprises, comme pour les demandeurs d’emploi.

Aujourd’hui, près d’un jeune actif sur quatre est à la recherche d’un travail en France. Parmi eux, beaucoup ont fait le choix du numérique pour augmenter leurs chances de décrocher le fameux sésame. Ce phénomène n’est pas récent. Dès la fin des années 1990, on a observé l’apparition des «job-boards», ces sites d’annonces d’emplois sur Internet, qui ont lancé l’offensive en terme d’offres et de visibilité - à la fois des candidats et des entreprises. Ces sites, tels que Monster ou Cadremploi, sont massivement utilisés aujourd’hui si l’on en croit une enquête menée en avril dernier pour le site Regionsjob.com qui évalue à 97% le nombre de candidats à l’emploi qui les utiliseraient (1).

Internet serait-il devenu la nouvelle «boîte d'intérim» des demandeurs d'emploi, et principalement des jeunes diplômés? La tendance se confirme depuis quelques années avec la massification des réseaux sociaux dits «professionnels», comme Viadeo ou LinkedIn pour les plus connus d'entre eux. Les recruteurs considèrent désormais ces outils au même titre que les sites d'emploi classiques. Morgane Jain, responsable du recrutement au Crédit Mutuel Arkea, estime ainsi à environ 10% le nombre de ces collaborateurs directement recrutés par Viadeo. «Les jeunes diplômés sont nos cibles principales de recrutement. De ce fait, l'utilisation des médias sociaux représente pour nous un volet sur lequel nous souhaitons nous développer» , explique Morgane Jain.

Pour ce dernier, «le dynamisme sur la toile peut avoir son influence» .

En effet, dans certains secteurs tels la communication ou la recherche, être actif sur Internet (notamment en tenant un blog professionnel ou en participant à des forums thématiques particuliers) peut intéresser un recruteur et déclencher une prise de contact plus aisée. Dans un contexte de forte concurrence, il faut également savoir se rendre incontournable en «inondant» ces sites. Se vendre grâce à sa visibilité online -- le «personnal branding» -- apparaît enfin comme un facteur essentiel dans certaines embauches. Pour cela, il est indispensable d’accorder le plus grand soin à sa e-réputation et à son image numérique.

Les réseaux sociaux traditionnels, type Facebook ou Twitter, commencent peu à peu à s’inscrire dans cet univers de recrutement «direct», alors que jusqu’à présent, ils n’étaient utilisés que pour des «enquêtes» informelles sur les futurs salariés via leurs profils numériques personnels -- à proscrire les photos des soirées bourrées du samedi soir ou l’enterrement des vies de jeunes de filles avec gogo dancers. Désormais, les annonces d’emplois sont de plus en plus souvent publiées sur les pages publiques des entreprises. Twitter offre de larges possibilités de diffusion d’annonces grâce aux fameux «RT» (ReTweete) -- les followers prenant connaissance de l’offre d’emploi et la redirigeant vers leurs contacts.

L’été 2010 a été marqué par l’arrivée de BranchOut, un site intégré au réseau social Facebook qui permettait de lier les qualités du site communautaire de référence et celles des sites d’emploi tels que LinkedIn ou Viadeo. À la fin du mois de juin 2011, le job-board Monster a lancé Beknown, un service également intégré à Facebook, dans le but de profiter de ses 600 millions d’inscrits. Reste à espérer que les emplois et les salaires proposés ne resteront pas virtuels.

(1) Enquête réalisée auprès de 2208 candidats et 157 recruteurs.

Paru dans Libération du 18 octobre 2011

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