Ça blogue faux dans les entreprises

Sony, Wal-Mart... Les boîtes se cachent derrière de faux consommateurs pour mieux vanter leurs produits.
par Christophe Alix
publié le 28 décembre 2006 à 10h24

Quand les marques débloguent, l'image trinque. Le succès de ce nouvel outil d'expression en ligne ­ près d'un tiers des internautes français, soit 8,7 millions, consultent des blogs chaque mois selon Médiamétrie ­ amène un nombre croissant d'entreprises à s'y frotter. Non sans ratés et dérapages, qu'elles paient parfois chers et qui ont tendance à se multiplier ces derniers mois. Sony, pourtant expert en moeurs numériques, s'est fait prendre en flagrant délit de faux blog et de vraie publicité camouflée. Pour doper l'image de sa nouvelle PSP lancée avant les fêtes outre-Atlantique, la marque a elle-même initié un blog à sa gloire baptisé «All I want for Christmas is a PSP» («Tout ce que je veux pour Noël c'est une PSP»). Un journal de bord bidon prétendument tenu par un certain «Charlie», amateur de hip-hop en pâmoison devant sa nouvelle console et qui tenait à le faire savoir à tous les gamers de la blogosphère. Devant le scepticisme moqueur, Sony a fini par la jouer «game over» en s'excusant d'avoir «essayé d'être un peu trop malin» , promettant désormais de s'en tenir à «donner des faits» sur sa PSP.

Un crime de flog (faux blog) a valu, en octobre, à la chaîne de supermarchés américaine Wal-Mart de se faire épingler à la une des médias lorsque la manip des blogueurs Laura et Jim a été révélée par le magazine Business Week . Comme par hasard, ces deux Américains présentés comme «moyens» qui relataient dans leur blog leur traversée du pays, se garaient très souvent sur des parkings d'hypers Wal-Mart. Ils y rencontraient plein d'employés qui leur racontaient l'ambiance hypersympa régnant dans la première world company du monde. La seule chose qu'ils ne disaient pas, c'est que Wal-Mart avait sponsorisé le voyage. Scandale. Bien que peu pratiqué chez nous, le blog de marque a aussi connu quelques soucis sur la toile tricolore lorsque Vichy en a lancé, en 2005, un faux afin de promouvoir un nouveau produit de beauté. Une certaine Claire y vantait les bienfaits d'une crème qui a vite donné des crises d'urticaire à bon nombre de blogueuses. Depuis Celio, Dior ou Maggi se sont essayés à ce genre délicat, avec bonheur, en toute de transparence.

Le phénomène se développe aussi parce que fleurissent les intermédiaires qui proposent aux blogueurs d'être payés pour parler de produits, comme l'américain PayPerPost , qui paie quelques dollars par message, ou encore ReviewMe , sur lequel les marques achètent des commentaires comme on acquiert un livre sur Amazon. Rassurez-vous, plusieurs projets similaires mûrissent déjà dans les cartons de ce côté-ci de l'Atlantique.

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_ Un million de blogueurs en France (23/11/2006)

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