Ça coupe ou ça coupe pas ?

par Camille Gévaudan
publié le 4 juillet 2008 à 11h38

«Si vous ne lisez pas ceci, votre connexion pourrait être coupée.» 800 clients de Virgin Media ont déjà lu cet avertissement, dans un encadré rouge sur une enveloppe envoyée par la British Phonographic Industry. La riposte graduée a déjà commencé au Royaume-Uni. Sous la pression du gouvernement, Virgin Media avait accepté le mois dernier de mettre en place un système d'avertissement des internautes pratiquant le téléchargement illégal. Mais le fournisseur d'accès, pour préserver son image auprès de ses clients, a toujours été réticent à se mouiller. Il a ainsi prévu d'envoyer les avertissements sous forme de double lettre, dans laquelle il se chargerait de la partie "éducative" (rappel des lois sur le copyright et conseils pour la protection des réseaux wi-fi), tandis que le sale boulot des menaces de coupure et de déconnexion reviendrait à la BPI.

Les premières lettres ont été envoyées, et Virgin Media n'assume toujours pas sa collaboration. La phrase imprimée sur l'enveloppe est «une erreur» , et il n'y a «absolument aucune possibilité» de déconnecter les abonnés ou d'engager une action légale contre eux, ont-ils déclaré à BBC. Bon. Ma connexion pourrait être coupée, mais personne ne compte me déconnecter. C'est logique. Asam Ahmad de Virgin Media a également tenu à préciser qu'ils n'avaient aucun moyen d'être sûrs que les destinataires des avertissements aient commis la moindre faute : «Il est important que nos clients sachent que leur ligne a été utilisée pour un certain usage, mais nous sommes heureux de pouvoir présumer que le propriétaire du compte est innocent. Il pourrait s'agir d'un autre membre de la famille ou d'un copropriétaire. Ce pourrait même être quelqu'un qui a piraté le réseau wi-fi. Nous ne portons aucune forme d'accusation.»

Et en effet, un des clients accusés par la BPI d'avoir téléchargé un titre (un !) d'Amy Winehouse en juin a déjà clamé son innocence. «J'ai réuni mes colocataires et nous pouvons tous garantir que nous n'avions rien téléchargé, et en particulier pas ce titre-là. Je suppose qu'il est possible que quelqu'un ait eu accès à notre réseau depuis l'extérieur, mais ce n'est définitivement pas l'un de nous.» Ce Will McGree, qui dit se sentir trahi par son fournisseur d'accès, ne prédit rien de bon au système de riposte graduée : «Cette campagne est vouée à l'échec. Virgin va perdre beaucoup de clients parce que les gens n'apprécient pas de découvrir qu'il sont accusés de vol en prenant leur petit déjeuner.»

Virgin Media ne va plus pouvoir mentir à ses abonnés très longtemps. D'un côté, le gouvernement britannique a indiqué aux fournisseurs d'accès qu'ils devraient accepter de coopérer avant le printemps prochain sous peine d'y être obligés par de nouvelles lois, et de l'autre, la BPI les a menacés de procès s'ils continuent à ignorer le téléchargement illégal. En face, des centaines d'abonnés expriment déjà leur intention de changer de FAI.

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