Californie : la justice encore du côté du jeu

La loi encadrant la vente de jeux violents aux mineurs jugée anticonstitutionnelle.
par Christophe GUERIT
publié le 9 août 2007 à 16h17
(mis à jour le 9 août 2007 à 16h19)

Du virtuel, de la violence, et Schwarzenegger qui perd à la fin : une cour californienne a jugé anticonstitutionnelle la loi promulguée fin 2005 en Californie, qui visait à interdire la vente des jeux violents aux mineurs. «Rien ne démontre que les jeux vidéo violents sont dommageables pour les enfants, en l'absence d'autres médias violents» , a expliqué le juge, Ronald White. «Les témoignages et les preuves présentés ne montrent pas que les jeux vidéo, par leur interactivité ou autre, sont plus dangereux que la télévision, le cinéma ou internet en matière de violence.»

La loi n'avait jamais été appliquée car contestée au tribunal dix jours après sa signature, en octobre 2005. Le verdict était attendu depuis décembre de la même année. A l'annonce de la décision judiciaire, le gouverneur Arnold Schwarzenegger, qui avait soutenu et promulgué la loi, a immédiatement annoncé son intention de faire appel, alors que l'instigateur de la loi, le Démocrate Leland Yee, s'est dit «choqué» , mais satisfait de la durée des délibérations. «Cela montre que les preuves de la dangerosité des jeux violents pour les enfants sont de plus en plus difficiles à ignorer» , s'est-il félicité.

Depuis quelques années, la justice américaine a en effet jugé plusieurs litiges comparables au cas californien. Elle a systématiquement donné raison aux vendeurs de jeux, aujourd'hui représentés par l' Entertainment Merchants Association . «Les cours qui ont jugé anticonstitutionnelles des lois similaires ont été confrontées aux mêmes genres de témoignages que ceux présentés par l'état de Californie» , rappelle ainsi Ronald White dans son jugement. «Aucune n'a estimé qu'un lien causal pouvait vraiment être établi entre les jeux violents et le bien-être psychologique et physique des enfants.»

L'analogie est frappante. Tour à tour, depuis 2001, des tribunaux de l'Indiana, du Minnesota, de Louisiane, du Michigan, de l'Illinois et de Washington ont rejeté les arguments d'administrations locales qui souhaitaient encadrer l'accès aux salles d'arcade, criminaliser la vente de jeux violents ou les interdire aux mineurs. A chaque fois, la justice a dénoncé l'absence de justifications médicales ou l'atteinte au Premier Amendement, qui garantit la liberté d'expression. En Louisiane, le juge avait même estimé que vouloir interdire certains jeux pour protéger les mineurs «revenait à instaurer un inacceptable contrôle des pensées.»

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