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Libération

Canal + fait son stream-tease

par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 17 octobre 2011 à 12h08

Avec Netflix aux fesses, Canal + est obligé de courir vite. Du coup, avant même de voir le site américain de vidéos par abonnement débarquer en France, la chaîne cryptée tente la riposte préventive avec le lancement, annoncé hier, d'un service analogue baptisé CanalPlay Infinity .

Il y avait urgence : aux Etats-Unis, le succès est tel que Netflix représente près d'un tiers du trafic sur Internet. Le principe ? Pour un prix modique (7,99 dollars par mois, soit 5,99 euros), l'abonné a droit à des dizaines de milliers d'heures de programmes. Ce sont 25 millions d'Américains qui ont plongé et Netflix s'est déjà installé au Canada, au Brésil en attendant l'Espagne en janvier et peut-être la France.

«Nous ne sommes pas dans une logique défensive, mais le succès de Netflix nous a intrigués» , affirme Maxime Saada, directeur général adjoint de Canal +. La chaîne cryptée dispose déjà d'un service de vidéo à la demande (VOD), mais CanalPlay Infinity, c'est un peu plus que ça. Ou alors un peu moins. Pour 9,99 euros (soit 4 euros de plus que Netflix, mais un internaute français ne peut pas s'y abonner pour l'instant), on aura droit à «des milliers» de films et de séries télé. Combien de «milliers» ? Heu : «Supérieur à 1000 , indique Maxime Saada, on a signé un certain nombre d'accords et il y en aura d'autres.» Et quels films et séries ? Pas d'exclu mais des films trente-six mois après leur sortie en salles, ainsi que le veut la chronologie des médias en France qui régit les fenêtres de diffusion (DVD, Canal +, VOD, chaînes gratuites…). «C'est une offre de profusion de films et de séries , vante Saada, avec des créations originales de Canal + : par exemple, CanalPlay proposera la première saison de Braquo quand Canal + diffusera la deuxième.»

Si CanalPlay Infinity ne joue pas dans la même cour que Canal +, le service pourrait en revanche mordre sur les futures chaînes TNT gratuites du groupe, prévues pour servir de deuxième fenêtre de diffusion aux programmes de la chaîne cryptée. Le nouveau bidule sera disponible -- sur ordinateur, smartphone, tablette -- d’abord chez SFR le 8 novembre, puis chez les autres (Free, Bouygues…) avant de rejoindre la Xbox début 2012 et de s’intégrer aux télés connectées de Samsung.

«On s'adresse à un nouveau public , explique Saada, plus jeune, plus urbain, plus digital et dont les usages consistent à télécharger illégalement.» C'est aussi la stratégie de Netflix : un abonnement pas cher pour séduire les vilains pirates.

Sur son chemin, CanalPlay Infinity a déjà un rival français : Filmo TV. Ironie, c'est un ancien de Canal +, Bruno Delecour, qui dirige ce site lancé en 2008. Le système est peu ou prou le même, à une grosse différence près : CanalPlay Infinity propose d'emblée un accès illimité à tout son catalogue dans lequel on plonge par «un moteur de recommandation par envie» , dixit Saada, quand Filmo TV le limite à 50 films par mois et bientôt 120, tous accompagnés d'une «éditorialisation» (un journaliste présente chaque programme). Un choix selon Bruno Delecour : «On préfère ne pas vendre des films au kilo, ce n'est pas cela qui crée l'envie de cinéma.»

Paru dans Libération du 14 octobre 2011

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