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Libération

Carolis fait vieux de pauvreté

Télé sans pub. En échange des subsides de l’Etat, France Télévisions lance un plan de départs à la retraite.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 4 juin 2009 à 6h52
(mis à jour le 4 juin 2009 à 6h52)

C’était l’Arlésienne de l’Arlésien Patrick de Carolis. Après des mois et des mois de négociations souvent viriles avec l’Etat, le plan d’affaire - doux nom qui, en bon français, signifie business plan - a été présenté, enfin, au conseil d’administration de France Télévisions mardi soir. Bilan : un engagement de l’Etat à financer la télé publique sans pub et, en échange, de sérieuses éconocroques ainsi qu’un plan de départs à la retraite pouvant toucher, statistiquement, jusqu’à 900 personnes.

Ce plan d'affaires supposé fixer l'avenir financier du groupe public, une fois la pub supprimée après 20 heures, devait être bouclé avant même la loi sur l'audiovisuel. Mais déjà, Carolis donnait des gages à l'Etat en promettant un plan de départs à la retraite. Il a été officialisé lors du conseil d'administration de mardi, de même que le point très délicat du retour à l'équilibre de France Télévisions. Bercy l'exigeait pour 2010 alors que Carolis le jugeait farfelu avant 2012 et il a finalement eu gain de cause. L'Etat s'engage aussi à une augmentation de pépettes de «2,1 % en moyenne annuelle» jusqu'à 2012.

Mais en contrepartie, la télé publique va devoir se serrer la ceinture. Exemple : les programmes n’augmenteront plus que de 1,5 %. Pour la fiction et le cinéma, France Télévisions a des obligations, mais les dépenses sur les jeux, divertissements et aussi l’information vont encore être réduites. C’est le plan de départs volontaires à la retraite, pour peu qu’on ait 60 ans et toutes ses annuités, qui peut rapporter. Jusqu’à 75 millions d’euros dans la fourchette haute.

Problème, selon les syndicats c'est pas gagné. Carole Petit (SNJ) explique : «Il n'y a pas ou très peu d'incitation financière, et les journalistes n'ont leur retraite complémentaire qu'à partir de 65 ans, donc pour eux, ça ne vaut vraiment pas le coup». Pour la syndicaliste, «comme ils n'auront pas le compte, on aura forcément un plan social en suivant». Alors que selon la direction «les remplacements ne seront pas systématiques», la CGT, elle, demande «des requalifications de CDD», explique Jean-François Téaldi. Le secrétaire général du SNJ-CGT conclut : «Ça montre les mensonges de nos dirigeants, comme on le voit aussi avec RFI, aujourd'hui l'Etat licencie dans l'audiovisuel public.»

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