Ces anti-pirates qui entourent Obama

par Astrid GIRARDEAU
publié le 27 janvier 2009 à 12h33
(mis à jour le 30 janvier 2009 à 13h28)

Début janvier, on rapportait la surprise , voire la déception, de certains alors que Barack Obama nommait, à un haut poste du département américain de la Justice, un avocat proche de la RIAA (Recording Industry Association of America), l'association américaine de défense de l'industrie du disque. Un deuxième coup est venu entamer l'enthousiasme des partisans du changement technologique suscité par le nouveau président des Etats-Unis. Un autre poste haut placé du département de la Justice a en effet été attribué à Neil MacBribe, le vice-président Anti-piratage et directeur juridique

de la Business Software Alliance (BSA) , une organisation de lutte contre le piratage de logiciels qui regroupe notamment Microsoft, Apple, IBM, Intel, HP, Cisco et Symantec.

Pour rappel, le 5 janvier, le poste d'adjoint au Procureur général était confié à Tom Perrelli , avocat qui «représente régulièrement l'industrie du disque sur les questions de propriété intellectuelle, technologie et lutte contre le piratage» et partenaire d'un des cabinets fréquemment mandatés par la RIAA. En avril dernier, ce dernier proposait d'allouer un budget d'1 milliard de dollars (750 millions d'euros) à la police pour surveiller les réseaux p2p et y traquer les activités illégales. «Une fois la rhétorique de la campagne terminée, ce n'est pas une surprise. La sélection par Obama de Joe Biden comme vice-président a montré qu'il était à l'aise avec quelqu'un aux vues fermement pro-RIAA» , réagissait alors Declan McCullagh, de CNET.

Or Neil MacBribe, qui a donc été nommé par Barack Obama au département américain de la Justice, est justement un proche de Joseph Biden. «Lorsqu'il exerçait les fonctions de premier juriste-conseil et directeur de cabinet du sénateur Joseph Biden, M. MacBride était chargé d'organiser le caucus bipartisan des deux chambres du Congrès contre le piratage international et diffusait les informations sur les crimes, la propriété intellectuelle, le renseignement, l'anti-terrorisme et autres problèmes» , résume ainsi sa biographie officielle .

Mike Masnick, de TechDirt se souvient surtout d'un appel téléphonique de MacBribe.

Ce dernier l'avait appelé pour commenter des statistiques publiées par la BSA sur l'impact du piratage et insisté sur le fait que le piratage représente une perte, et non la fin d'un business model. Il suggérait aussi que ce soit juste «un truc de génération»

Outre que le journaliste juge les chiffres de la BSA «totalement faux» , il pense que c'est une «mauvaise approche» de la question du copyright. Et craint que la nomination de ces deux personnes à des postes de haut niveau au ministère de la Justice «ne soit pas de bon augure» pour les partisans d'une politique de copyright «plus raisonnable» .

De son côté, la BSA s'est évidemment félicité de cette nomination, rapporte Cnet . «Neil MacBride va bien servir le pays dans son nouveau poste au ministère de la Justice» a indiqué, hier, Robert Holleyman, le président de l'organisation.

Sur le même sujet : Obama, l'espoir des anti-pirates

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