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Libération

Chine: souriez, vous êtes cyberfliqués

par Erwan Cario
publié le 29 août 2007 à 13h44
(mis à jour le 6 février 2008 à 17h45)

A partir du 1er septembre, deux petits personnages vont commencer à se balader sur les écrans des internautes chinois lorsqu'ils surferont sur les sites basés à Pékin. A pied, en moto ou en voiture, ils se pointeront toutes les demi-heures rappeler aux utilisateurs que leurs activités en ligne sont étroitement surveillées. Car ces deux petits avatars sont les représentants virtuels du Bureau Municipal de la Sécurité Publique de Pékin.

Sous couvert de lutte contre les «activités illégales», le message est simple : Big Brother vous regarde, ce serait trop bête de l'oublier. «Nous allons continuer à promouvoir la nouvelle image de la police virtuelle, a expliqué un représentant du Bureau, et mettre à jour nos méthodes de sécurité pour améliorer la convivialité et devenir ainsi plus en phase avec la manière dont les internautes utilisent le web.»

Pour l'instant, treize des principaux portails chinois, dont Sohu (qui s'est chargé du design des personnages) et Sina , sont concernés. Mais les policiers animés devraient se retrouver avant la fin de l'année sur tous les sites enregistrés auprès du gouvernement. Le périmètre couvert par des deux charmants cyberflics est large : pornographie, jeux d'argent, fraude, incitation à la sécession et plus généralement les «sources de dommage public et de perturbation de l'ordre social» . Pour couronner le tout, il sera possible, en cliquant sur les personnages, de contacter les autorités pour signaler des «débordements».

Cette initiative fait suite à l'apparition de Jingjing et Chacha, deux autres policiers virtuels qui fonctionnent depuis le début de l'année sur les sites de la province de Shenzhen, pour, d'après le Quotidien du Peuple, «répondre aux questions des internautes et prendre en main les urgences» .

Jingjing et Chacha, les collègues de Shenzhen - DR

On ne sait pas si les cartoons iront jusqu'à patrouiller du côté des sites étrangers. Ce qui serait plutôt logique après la signature, la semaine dernière, par Yahoo! et MSN entre autres, d'une charte de bonne conduite visant à «protéger les intérêts de l'Etat Chinois» . Dans ce cadre, ils ont pour obligation d'effacer des blogs qu'ils hébergent les messages considérés par les autorités comme illégaux ou «erronés», mais aussi d'en identifier les auteurs et de fournir leur coordonnées. La Chine compte aujourd'hui 137 millions d'internautes. D'après Reporters Sans Frontière, 50 cyberdissidents et 30 journalistes y sont actuellement emprisonnés.

Sur le même sujet :

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