Menu
Libération

Chinoiseries au «Droit de savoir»

par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 5 décembre 2007 à 1h52

Grosses cylindrées, petites pépées et flingues à gogo. La panoplie parfaite pour un Droit de savoir réussi. C'était, le mardi 27 novembre dernier sur TF1, un reportage du journaliste Mohamed Sifaoui. Titre : J'ai infiltré le milieu asiatique, adapté de son livre éponyme (au Cherche-Midi) et référence à un documentaire du même Sifaoui sur Al-Qaeda, J'ai infiltré une cellule terroriste. Dans ce Droit de savoir, le journaliste use des mêmes méthodes : images chocs, caméra cachée et odeur de soufre.

Résultat, plusieurs «associations asiatiques de France» se disent «particulièrement choquées» dans un communiqué : «L'émission tend à présenter la communauté asiatique comme ne voulant pas s'intégrer et ne respectant ni la loi, ni les règles républicaines françaises.» Le reportage est une plongée à sensations dans la mafia chinoise de Paris avec un personnage principal : Alexandre Lebrun, volontiers hâbleur et présenté comme un voyou habitué à dégainer facilement une arme auprès de ses débiteurs. On le voit d'ailleurs régulièrement faire joujou avec ses pétards face à la complaisante caméra. Et voilà qu'au lendemain de la diffusion sur TF1, Lebrun annonce sur son blog qu'il s'est joué de Mohamed Sifaoui : «J'ai joué le rôle d'homme d'affaire violent, mafieux à la perfection.» Un coup monté pour prendre Sifaoui au piège des clichés journalistiques ?

Joint par Libération, Lebrun confirme sa version : «Je lui ai dit ce qu'il voulait entendre.» Jacques Aragones, rédacteur en chef du Droit de savoir, dément : «Le sujet le met dans l'embarras, alors il tente une contre-attaque.» Sifaoui lui aussi est formel : «Ce sujet est le résultat de quatorze mois d'enquête, j'ai passé plus d'un an avec lui, c'est un voyou multirécidiviste.» Un brin sensationnaliste, le reportage tout de même ? «Oui, peut-être, mais c'est la télé.»

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique