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Libération
Critique

Et pouffe, revoilà «Clara Sheller»

Série. Saison 2 après trois ans d’absence.
par Isabelle ROBERTS
publié le 19 novembre 2008 à 6h51

Cette bonne vieille Clara ! Oui, vieille, parce que hein, à raison de six épisodes tous les trois ans, elle va bientôt avoir des varices et faire du tricot pour ses petits enfants la mère Sheller. Enfin bon, ne chipotons pas, après trois ans de tergiversations en tous genres (acteurs qui veulent puis qui veulent plus, négociation ardue du contrat de l'auteur, changements à la tête de France 2), Clara Sheller est de retour, avec un casting entièrement renouvelé.

La première Clara avait fait quelque bruit au printemps 2005 en abordant les relations amoureuses, qu’elles soient hétéro, bi ou homosexuelles, sans prendre de gants ni de pincettes dans un pays où il n’y a pas si longtemps le tout-puissant Takis Candilis, directeur de la fiction de TF1, refusait de mettre un baiser homosexuel dans les premières minutes d’une fiction, de peur que les téléspectateurs fuient.

Liberté de ton. Vent de fraîcheur, donc. Doublé d'un joli succès, puisque certains épisodes de la première saison ont dépassé les 6 millions de téléspectateurs. «Il y a trois ans, raconte Nicolas Mercier, auteur de Clara Sheller, on m'avait donné carte blanche puisque de toute façon ça avait peu de chance d'arriver au bout. Ça a donné cette grande liberté de ton.» Une liberté de ton dont on espéra qu'elle allait contaminer toute la fiction française : «Je pensais que le succès de la première saison allait montrer qu'on n'avait pas besoin d'un policier pour faire une fiction. Mais non…», soupire Mercier.

Et ce nouveau casting ? Patrick Mille (mais si, celui qui faisait «la chaleur dans ton corps», avec une grosse perruque brésilienne) est un JP très réussi, tandis que François Vincentelli joue à la perfection les tanches en petit ami de Clara (mais ex de JP, enfin ex, faut voir, mais nous, on n'a rien dit). En revanche, Zoé Félix en fait des tonnes en Clara Sheller qui donne de grands coups de queue-de-cheval pour montrer à quel point elle est agaçante-attachante-neuneu.

Suspense. L'affaire démarre trois ans après la nuit torride entre Clara, JP et Gilles. Désormais, Clara et Gilles habitent ensemble, juste au-dessus de chez JP. Et ont de nouveaux voisins, un couple gay venu de Saintes («Vous savez, dit l'un d'eux, le Festival de musique ancienne»). Pendant que JP papillonne (en fait, il tombe tout ce qui lui passe sous la main, y compris cet agaçant truc tout droit sorti d'un Pasolini et qui ne jure que par le sexe sous techno), Clara et Gilles s'emmerdent à deux. Pour détourner l'attention, Clara ment et Gilles veut un enfant.

Bref, selon le mot de Harold Valentin, conseiller des programmes de France 2, «un thriller sentimental», dont le suspense tient éveillé tout au long des six épisodes, avec quelques hauts : le rêve de Clara où elle pilonne vigoureusement son petit ami afin de l'engrosser ; des seconds rôles réussis (Charlotte de Turckheim qui joue la mère de JP ou Patrick Bouchitey en maître Yoda de l'homosexualité). Quelques lassitudes aussi à voir cette sorte de Martine moderne : Clara fait sa pupute (tout le temps), Clara et la fausse grossesse, Clara et la crise de la presse (le magazine où elle travaille a été racheté par un grand groupe qui veut rationaliser), Clara se fâche avec tout le monde, Clara va chez le psy. Et aussi Clara nous court un peu sur le haricot, il faut être honnête. Mais bon, à défaut d'avoir sauvé la fiction française, Clara Sheller peut encore sauver quelques soirées télé.

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