Concentré de presse chez Orange

par Anne-Sophie FLAVIGNY
publié le 5 juin 2008 à 3h45

Les journaux auront-ils le même destin que les CD ? A en croire Orange, Gutenberg a du souci à se faire. Près d'un an après la sortie du e-reader du quotidien les Echos, Orange lance son livre électronique, le Read&Go. Ressemblant comme deux gouttes d'eau à son prédécesseur, sa spécificité réside dans son kiosque à journaux accessible en téléchargement par 3G et wi-fi. Le Parisien, le Monde, l'Equipe, Télérama et les Echos se sont associés au projet (1). Le Read&Go possède aussi sa e-bibliothèque qui contient près d'une trentaine de livres et permet de lire toutes sortes d'imprimés. Encore en phase de perfectionnement, il est testé en ce moment et pendant 2 mois par 150 utilisateurs.

Brique. A tous les amoureux du papier journal, de son odeur, de son toucher, du «pffggrruuit» de ses pages : il va falloir s'y faire. Terminé ce vieux journal qui nous aidait à allumer le barbecue. Terminée également la visite au libraire. A peine plus grand qu'un livre de poche (format A5), mais plus lourd (500 grammes), l'engin n'a plus rien à voir avec un canard. Il s'avère donc difficile de sortir prendre un café au coin de la rue, le nez au vent. Dans les poches, monnaie, paquet de clopes et la chose qui pèse une brique. Pas de problème de scintillement de l'écran ni de réfléchissement de lumière même en plein soleil, le procédé E-ink permet une lecture similaire à celles d'un livre. Parasol et lunettes sont donc inutiles. L'effet loupe protège les yeux de tout désagrément en grossissant les caractères. En noir et blanc - enfin, le charme de l'ancien -, le journal virtuel offre différents modes de navigation. On tourne les pages avec le stylet ou par un simple mouvement du pouce. C'est ça le futur. Finis les grands gestes. Des petits mouvements, rien que des petits mouvements à la limite de la tendinite. Plus de pages chiffonnées, d'encre sur les mains et tout le folklore. Le Read&Go est de cette génération tout électronique. Pourtant, il n'a pas la prétention de rivaliser avec le Web. Les journaux virtuels ressemblent à leur version papier. Pas de vidéos ni de sons donc. Mais alors ça sert à quoi nom de nom ? Orange affirme ne pas vouloir fournir simplement l'accès mobile aux sites des journaux, mais mettre en valeur la qualité de l'écrit. En voilà une drôle d'idée.

Joujou. Et ça rapporte ? Pour le moment, le modèle commercial est encore à l'étude mais les publicitaires seraient intéressés. Bilan : avec sa nouvelle trouvaille, Orange souhaite être aux côtés des groupes de presse pour relancer la diffusion des journaux. Mais le prix du joujou électronique risque de freiner les consommateurs. La fourchette tarifaire, pas encore fixée, varie entre 200 et 700 euros pour l'appareil, sans compter les abonnements. Chez Orange les journaux valent de l'or.

(1) Des journaux espagnols et anglais sont intéressés et Libération est en négociation.

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