Des assassins sur ton Facebook !

par Olivier Seguret
publié le 4 octobre 2010 à 0h00

Il y a décidément un cas Ubisoft. La compagnie n’a cessé de croître en multipliant les initiatives singulières. A la différence de ses principaux concurrents Activision et Electronic Arts, qui paraissent manœuvrer avec la lenteur d’un paquebot multinational, Ubisoft s’est fait une spécialité de l’agilité industrielle et de l’ardeur expérimentale. L’objet n’est pas ici de tresser des couronnes à un management qui se débrouille très bien tout seul mais de souligner la cohérence et parfois la vista avec lesquelles la firme a construit et solidifié une identité originale.

Rappelons qu'Ubisoft réussit autant dans la fabrication de propriétés intellectuelles du calibre d'Assassin's Creed que dans la gestion fructueuse de franchises, comme avec Tom Clancy (Splinter Cell ou la super-simulation type Hawx, dont le deuxième volet vient de sortir). C'est aussi le seul éditeur hors Nintendo à pouvoir s'enorgueillir d'importants succès sur la Wii, où Ubisoft a réussi à installer deux licences phares : les Lapins crétins et, surtout, Just Dance, dont le carton planétaire promet d'être soigneusement entretenu (le second volume arrive le mois prochain). Malgré de récentes déconvenues, les investissements ont été plutôt bien inspirés : dans le casual gaming, dont la major a compris la vague avant ses rivaux, comme dans le secteur effervescent des applications de jeux sur smartphones où, de concert avec la compagnie sœur Gameloft, elle a pris de très enviables positions.

En organisant mercredi dernier son premier «Digital Day» à San Francisco, le grand studio d'origine française a encore prouvé qu'il observait l'industrie comme le lait sur le feu, avec l'annonce d'une initiative d'un opportunisme parfaitement irréprochable : le lancement de certains de ses titres sur Facebook et la mise en place du «gaming companion». Ce concept vise à une forme d'interopérabilité entre les différentes versions et supports d'un même jeu. Par exemple, le joueur qui aura remporté certains succès dans Assassin's Creed sur sa console pourra récolter certaines récompenses dans Assassin's Creed sur Facebook, celui-ci, sous-titré Project Legacy et qui est le premier à sortir sur le réseau social, étant une version différente de la même licence. Le «gaming companion» semble faire coup triple : il ajoute un maillon à la chaîne industrielle du jeu, un boulet à l'esclavage (virtuel et consentant) du joueur ainsi qu'une nouvelle astuce stratégique à mettre au compte de l'inventif Ubisoft.

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