Petit et Grand Robert, en ligne et payants

par Romain GOULOUMES
publié le 3 avril 2009 à 16h56
(mis à jour le 6 avril 2009 à 17h18)

Deux euros, c'est le prix d'un café en bord de Seine et depuis peu, celui du Petit Robert en ligne. Le Petit comme le Grand, les Roberts viennent en effet de tourner une page, résolument numérique. Hier, ces deux dictionnaires devenus des classiques de la langue française, ont adopté le format électronique et sont désormais consultables en ligne, moyennant deux à quatre euros par mois. Premier à développer le support Cd en 1989, Le Robert fait vingt ans plus tard une arrivée tardive sur la toile. Les éditions généralistes du célèbre dictionnaire et son outil de traduction franco-anglais Robert&Collins;, risquent bien d'avoir maille à partir avec Mediadico.fr et Wikipedia.org, des sites qui prêtent main forte aux internautes depuis plusieurs années déjà. Gratuitement.

Là où les confrères Larousse et Hachette ont mis en libre accès une partie de leurs contenus, Le Robert fait le pari du tout payant. « La qualité est à ce prix » , explique Laurent Catach, directeur éditorial chez Le Robert. Son lui, les internautes ne rechigneront pas à ouvrir le porte monnaie si le contenu suit : « Avec un abonnement, vous avez cinq petits dictionnaires en un. Je ne vois pas de problème à faire payer pour des dictionnaires s'ils sont complets, vérifiés et régulièrement mis à jour. » Citations, étymologie, synonymes ou expressions, il est vrai que depuis l'interface, et en un coup de souris, l'utilisateur a accès à la génèse du terme et à toutes les significations qu'il a ou qu'il a eu.

Bien que nouvel arrivant sur le marché de l'internet, Laurent Catach ne s'estime pas menacé par Wikipédia et les autres : « Contrairement à Larousse ou Hachette, nous ne faisons pas des encyclopédies mais des dictionnaires de langue française. Et par conséquent, Wikipédia ne nous effraye pas. » Laurent Catach suit en revanche d'un œil vigilant l'évolution de Mediadico.fr, à ce jour la référence orthographique sur Internet. La rencontre frontale devrait être évitée : « on propose des contenus haut de gamme. Mediadico c'est quand même très succinct. Le grand robert par exemple c'est 100000 mots, plus de 325000 citations. » Quant au principe de gratuité mis en avant par l'encyclopédie participative Larousse et d'autres, Laurent Catach n'y croit pas vraiment : « pas question, ça finit toujours par être rempli de pub» . Le directeur éditiorial de Le Robert, envisage, « pourquoi pas » , de mettre en ligne un petit dictionnaire, plus simple et gratuit, « mais ce n'est pas à l'ordre du jour.»

A l'écran, les différences entre les modèles gratuits et payants sont flagrantes. A la différence des dictionnaires Robert, qui jouent la carte de l'exhaustivité, Mediadico.fr et Wikipédia développent davantage le côté pratique et concis de l'information apportée. Un choix défendable. Quand il veut en savoir plus sur son terme préféré, à savoir "écran", l'internaute ne veut pas forcément être informé de son origine néerlandaise, utilisée au XIIIe siècle pour désigner un paravent. Pour des recherches approfondies, rien ne vaut un bon vieux dictionnaire.

Mediadico.fr :

Wikipédia

Le Grand Robert :

Le Petit Robert

Payants et élitistes, Le Petit Robert et son frère se destinent à un public qui fait des dictionnaires un usage quotidien. Un amoureux de la langue française qui, sur ses étagères, compte une ou plusieurs éditions des volumes papiers. « C'est vrai , reconnaît Laurent Catach, on table peut-être sur un public semi-professionnel : journalistes, traducteurs, enseignants ou étudiants. Mais l'idée est aussi d'ouvrir ce contenu au grand public. » En réalité, Le Robert existe sur internet depuis 2003. Il était alors limité aux seules institutions, à certaines universités ou aux professionnels. Contre toute attente, ces six années d'expérimentation ont permis le développement d'un marché supplémentaire. Laurent Catach raconte : «On s'est rendu compte qu'on avait une énorme demande internationale. Aujourd'hui la moitié de nos ventes viennent du Canada, des Etats Unis, de l'Afrique du Sud... Du coup, on envisage sérieusement de se tourner vers ce milieu.» Tout marché confondu, l'objectif affiché par Le Robert est de 10000 abonnements en 2009. A titre de comparaison, le nombre de Petit Robert en vente chaque année s'élève à 150 000 exemplaires. En ligne depuis seulement hier midi, le Petit Robert voit déjà grand.

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