Menu
Libération

Données publiques : Pari tenu ! Paris libéré !

par Camille Gévaudan
publié le 28 janvier 2011 à 12h44
(mis à jour le 28 janvier 2011 à 12h49)

Statistiques des prêts dans les bibliothèques en 2010, liste des établissements scolaires, description des trottoirs, résultats électoraux, carte des arbres d'alignement... et ce n'est qu'un début. Ce matin, la ville de Paris a commencé à mettre en ligne ses données publiques sur le site ParisData , rejoignant le cercle très fermé des villes françaises ayant adopté une politique dite «open data». La décision ( PDF ) avait été prise le 14 décembre 2010, après plusieurs mois de réflexion et de délibérations partant du constat «qu'un grand nombre de ces données n'est pas suffisamment porté à la connaissance du plus large public par les moyens modernes de communication.»

Le site de la mairie de Paris donne l'exemple des résultats d'élections, qui étaient jusqu'ici communiqués en PDF, un format fermé, non modifiable et non réutilisable de manière simple et pratique. «Les données brutes fournies en tableur permettront de réaliser facilement des cartes et toutes sortes de visualisations» , facilitant grandement le travail des journalistes, analystes, étudiants et toutes personnes intéressées par l'exploitation de ces informations.

Certaines de ces données sont téléchargeables dans des formats informatiques très courants, qu'ils soient propriétaires (XLS pour les tableaux) ou ouverts (ODS, ODT, CSV...), tandis que de nombreuses autres ne peuvent être lues qu'avec un logiciel spécialisé. C'est par exemple le cas des cartes et des données spatiales, qui seront principalement utilisées par des professionnels. Le conseil municipal a prévu que l'ouverture des données entraîne, «à terme, l'émergence de nouveaux services à destination des Parisiens» comme des applications de géolocalisation pour smartphones, pour trouver «le kiosque le plus proche, des boîtes aux lettres, des espaces verts, le plan des voiries» ...

Mais plus encore que l'«ouverture», c'est l'effort de «libération» qui est ici remarquable. Sur ParisData, toutes les données sont mises à disposition du public sous une licence libre au sens strict du terme : leur redistribution, réutilisation et modification sont autorisées par tous, aux seules conditions que la ville de Paris soit citée en tant que source, et qu'aucune restriction technique ou juridique ne soit ajoutée par la suite.

«Cette licence a été adaptée de la licence Open Database Licence de l'Open Knowledge Foundation» , détaille le site. Elle est également très proche de la licence Creative Commons BY SA («Paternité Partage des Conditions Initiales à l'Identique») qu'on a l'habitude de croiser sur Wikipédia, Wikimedia Commons, Flickr ou même Vimeo.

Comparaison de la licence ParisData et Creative Commons BY SA

Aucune clause ne prévoit de différencier les usages à but commercial ou non commercial, et l'accès à toutes les reste gratuit. «Il faut que tout développeur informatique, tout entrepreneur puisse développer des prototypes de services innovants, exploitant les données de la Ville, que l'ambition finale soit un service gratuit ou un service commercial» , avait plaidé en juin 2010 Jean-Louis Missika, adjoint (PS) au maire de Paris chargé de l'innovation, de la recherche et des universités. «La collectivité que nous représentons a le devoir moral de mettre à la disposition de tous les corpus de données constitués avec l'argent public.» Il n'est toutefois pas exclu que le Conseil municipal réfléchisse à mettre en place, dans le futur, une licence payante pour les entreprises souhaitant tirer un bénéfice financier de l'exploitation des données, pour «recouvrir les frais de mise à disposition par un système de partage de revenus» .

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique