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Effets de Nonce à TF1

par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 11 septembre 2008 à 4h58

Il s'est passé, hier à TF1, un truc incroyable. Accrochez-vous : les journalistes invités à la conférence de presse ont eu le droit de poser des questions aux dirigeants de la Une. C'est fou, hein ? Fini le Soviet suprême des généraux Le Lay et Mougeotte à la poitrine bardée d'audiences triomphantes et place à la nouvelle génération de TF1.

Quasiment des hippies, les Nonce Paolini, Jean-Claude Dassier ou Laurent Storch qui présentaient la saison 2008-2009 de la Une. Certes, des hippies en cravate - à l'exception de ce beatnik de Laurent Storch, directeur des programmes, en veste de velours marron - mais tout de même : TF1 change. Enfin pas trop : «changement dans la continuité», a énoncé le nouveau directeur de l'information Dassier, citant l'auteur de la formule, Giscard soi-même. Du nanan pour les journalistes : les uns reprendront sagement la formule ; les autres ricaneront d'un Dassier proche de Sarkozy («J'ai failli choisir le mot "rupture"», badine-t-il) déclamant du Giscard. Marrant. Moins marrant tout de même que l'exposé des audiences du JT par le même Dassier, slides à l'appui, qui compare laborieusement la période 25 août-7 septembre 2008 avec le premier semestre de l'année. Autant dire des pommes avec des bananes. Et ô surprise, ça monte. D'ailleurs, assène-t-il : «Une bonne partie de la messe est dite, Laurence Ferrari a réussi son retour.» Tout ça pour tenter de masquer que les audiences du JT sont en baisse et celles de TF1 en entier itou (en août 2007, elles atteignaient 31,6 %, en août 2008, 27,7 %).

Pansement. La faute à la TNT, qui vient grignoter les parts d'audience et de pub des chaînes historiques. Bref, la glasnost de TF1 a le feu aux fesses. Et la grille de la Une est à rénover de fond en comble. Hormis ce qui constitue désormais l'ordinaire de l'antenne de la Une en même temps que son pansement à audience : la série américaine (les Experts, Dr House, etc.) Pour la fiction, Laurent Storch y va franco : «On doit inventer une nouvelle fiction française, on ne peut pas rester comme ça : c'est un chantier éditorial et industriel.» Traduction : moins de téléfilms et plus de séries. A commencer par le feuilleton quotidien Seconde Chance (dès le 29 septembre), sur lequel TF1 mise beaucoup : «Si ça marche, y'en aura d'a utres, si ça ne marche pas, y'en aura d'autres», prévient un Storch survolté.

Grasse matinale. Au rayon des - maigres - nouveautés, on trouve une émission culturelle, Au Field de la nuit, qui réunira Michel Field et des lycéens ; un «magazine grasse matinale» ; de la télé-réalité avec la Corde - qui consiste à lier deux inconnus vingt-quatre heures durant -, et un alléchant Qui peut battre Benjamin Castaldi ? (non, on ne tombe pas dans la facilité en répondant Un dîner presque parfait sur M6). Ainsi qu'un Koh Lanta all Stars d'hiver qui réunira d'anciens vainqueurs : youpi, youpi, YOUPI (1).

(1) Libération niera s'être réjoui de cette nouvelle.

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