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Libération

En Chine, voilà Google Pschitt

par Camille Gévaudan
publié le 17 février 2010 à 13h17

Tout bien réfléchi, Google n'a plus très envie de quitter le marché chinois. Certes, ils assument de moins en moins leur soumission aux règles de censure imposées par Pékin. Certes, leur service de messagerie a été victime d'un espionnage informatique qu'ils attribuent à demi-mot aux autorités chinoises. Certes, leur menace de retrait a été largement applaudie et érigée en modèle par Reporters sans frontières. Et certes, ils ont été soutenus par Hillary Clinton herself dans un grand discours sur la liberté d'expression.

Mais Sergey Brin a changé d'avis. Le cofondateur de Google a mis a un terme à plus d'un mois de silence radio lors d'une interview à la conférence TED 2010 où il était présent, la semaine dernière à Long Beach (Californie). En somme, fermer Google.cn ne lui semble plus être la meilleure façon de lutter pour la liberté d'expression en Chine. Et pour tenter d'apporter aux chinois «de meilleures et plus riches informations» , il s'offre un délai d'un an ou deux. Le temps de réussir, enfin, à amorcer l'ombre d'un dialogue avec Pékin. Google compterait toujours cesser la censure politique des ses résultats de recherche, mais se dit prêt à accepter le blocage de la pornographie et des «contenus potentiellement choquants» .

Quant à l'enquête sur l'opération Aurora, qui a visé la messagerie de militants des droits de l'homme en Chine, elle semble à moitié oubliée et la question de la responsabilité du gouvernement n'est plus d'actualité : «Si c'était un agent chinois, ça ne pourrait représenter qu'un fragment du corps politique.»

Bien entendu, cette marche arrière est motivée par de profondes convictions éthiques : «On ne nous croira peut-être pas, mais notre ambition en Chine a toujours été de faire ce qu'il y a de mieux pour le peuple chinois. Ça n'a rien à voir avec nos recettes ou profits ou ce genre de trucs.» Ni avec les 400 millions d'internautes individuellement ciblés par les publicités en ligne, et les 280 millions d'abonnés mobiles à qui proposer prochainement le Nexus One. Le morceau est dur à avaler mais pour garder la face, Brin n'hésite pas à jouer la carte sentimentale -- «Je suis un optimiste» ; «Beaucoup de gens doivent penser que je suis naïf, et c'est peut-être vrai.»

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