En Iran, bloguer est passible de mort

par Astrid GIRARDEAU
publié le 7 juillet 2008 à 11h39

Le 2 juillet dernier, le parlement iranien a adopté, en première lecture, une loi visant à étendre la peine de mort à des crimes commis sur Internet. Le texte, composé de 13 articles, qui a pour but de «renforcer les peines pour les crimes contre la sécurité morale de la société» , a été voté à 180 voix pour, 29 contre et 10 abstention.

Selon l'article 2 de la loi , la «création de blogs et de sites Internet faisant la promotion de la corruption, de la prostitution et de l'apostasie (c'est à dire le rejet de la religion ndrl)» seront désormais punissables de la peine capitale, au même titre que le vol à main armée, le viol ou la création de réseaux de prostitution. Ensuite, selon l'article 3, l'auteur de ce crime pourra au choix être désigné par les juges comme «mohareb» (ennemi de Dieu) ou «Mofsed fe-al-arz» (corrupteur sur terre), des crimes passibles, selon l'article 190 du code pénal iranien, de pendaison ou d'amputation de la main droite puis du pied gauche. Enfin l'article 6 précise que «les peines pour les crimes décrits dans la présente loi ne peuvent pas faire l'objet d'une réduction, d'un remplacement ou d'une suspension» .

Depuis des années, le gouvernement de la République islamique d'Iran ne se contente pas de filtrer le réseau et de censurer les sites à caractère pornographique ou politique -- l'Iran se targue aujourd'hui de filtrer 10 millions de sites "immoraux" -- parmi lesquels des sites locaux mais également Flickr, YouTube et parfois Google . Il emprisonne fréquemment des blogueurs selon les critères tels que «insulte envers les prophètes», «propagande séparatiste», «propos diffamatoires», etc. Egalement dans sa ligne de mire, les blogs féministes -- comme Tagir Bary Barbary ( «Changement pour l'égalité» ) -- pour la défense des droits et des femmes. A ce titre, l'Iran est aujourd'hui considéré par Reporters sans frontières, comme «le pays musulman le plus répressif du Moyen-Orient à l'encontre des blogueurs» .

«Cette initiative fait froid dans le dos. Les internautes et les blogueurs iraniens font déjà face à une politique de filtrage très agressive» , a réagi l'association, qui a classé l'Iran parmi les « Ennemis d'Internet » dans le monde. «L'adoption d'une telle loi, basée sur des notions mal définies et permettant aux juges une interprétation très large, aurait des conséquences désastreuses pour les libertés sur la Toile» .

A lire aussi : le texte de loi original , et sa traduction en anglais .

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