Europe 1, l’éternel retour

Rentrée radios et télés. Le PDG de la station, Denis Olivennes, a martelé devant ses troupes, dont plusieurs nouvelles recrues, les mots d’ordre : indépendance et bonne humeur.
par Raphaël GARRIGOS et Isabelle ROBERTS
publié le 30 août 2011 à 17h57
(mis à jour le 12 septembre 2011 à 18h59)

«Europe 1, le retour» , clame son patron, Denis Olivennes, en préambule de la conférence de rentrée. Ah bernique, Europe 1 était parti et on ne s'était aperçu de rien ? Pourtant, on a l'étrange impression qu'année après année, patron après patron, on nous ressert la même litanie d'un retour vers un Europe 1 mythique, un âge d'or peuplé de Coluche et de Pierre Lescure. Là, ça n'a pas loupé et on a eu droit au retour de «l'information et la bonne humeur» .

Bon, il est vrai que du côté des têtes dirigeantes, on l'avait un peu perdue, sa bonne humeur, cette saison, avec des audiences largement au-dessous de la barre symbolique des 10 % (jusqu'à 8,7 %), autant dire la cata. Sans parler des défections en cascade : Alexandre Bompard d'abord, l'ancien patron, remplacé par Denis Olivennes, du Nouvel Obs ; Nicolas Demorand, ensuite (parti diriger Libération) ; et Marc-Olivier Fogiel, la star de la matinale, qui va se retrouver sur M6. Bref, une grosse période de mouise ou, en langage Olivennes, «une saison atypique, - j'espère que vous apprécierez la délicatesse de cet euphémisme» .

Alors donc de l'info et de la marrade, qu'Olivennes résume en une formule piquée à Philippe Gildas, autre figure paléolithique de la station : «Etre capable de jouer sur les graves et les aigus.» Et d'appeler sur scène «Madame Grave» et «Monsieur Aigu» , alias Arlette Chabot, directrice de l'info, et Bruno Gaston, patron des programmes, venus de France Télévisions. Laquelle Arlette Chabot, pourtant bien connue comme la reine du rire, ronchonne de se voir ainsi estampillée. Son boulot, à Chabot, virée de France Télévisions sur fond d'étonnante disgrâce présidentielle, est de marteler «l'indépendance» de la station d'Arnaud Lagardère. Vu le nombre d'occurrences du mot, hier, faut croire qu'il y avait un problème…

«Monsieur Aigu», lui, veut une «radio moderne et populaire» . Du coup, Bruno Gaston dégaine Michel Drucker qui, paraît-il, se rêve en David Letterman français. Wow. Exit Nagui et rabotées, les fesses de Morandini pour faire de la place à Faites entrer l'invité que présente Drucker ( «populaire» ) entouré d'une bande de jeunes comiques ( «moderne» ) chaque jour entre 10 h 30 et midi. Surtout, il y a Bruce Toussaint qui a fini par céder aux sirènes d'Europe 1. Matinales, les sirènes, puisqu'il est en charge de la tranche 7 heures-9 h 30, la plus stratégique de la radio. Parmi les autres nouveautés, on relèvera Des clics et des claques, émission quotidienne consacrée à Twitter ( lire l'article ) ou, chaque soir, Rendez-vous à l'hôtel, causerie culturelle de Michel Field en direct d'un boui-boui branchouille.

Paru dans Libération le mardi 30 août 2011.

À lire aussi : Dossier : La rentrée des radios et télés, saison 2011-2012

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