Europeana: le Net a sa grande bibliothèque

La Bibliothèque numérique européenne permet désormais aux internautes l'accès à 12 000 livres numérisés, dont 7 000 issus de la BNF.
par Frédérique Roussel
publié le 23 mars 2007 à 11h47

Europeana, première ébauche de la Bibliothèque numérique européenne (BNUE), est sortie des limbes hier. L'internaute a dès aujourd'hui accès à 12 000 livres numérisés en mode texte , dont 7 000 proviennent de la Bibliothèque nationale de France (BNF), 4 000 de la Bibliothèque nationale de Hongrie et 1 000 de la Bibliothèque du Portugal. On y trouve des oeuvres phares de la culture francophone et européenne (Corneille, Hugo, Dickens, Dante), des ouvrages de vulgarisation scientifique (Camille Flammarion, Claude Bernard...) et des outils biographiques ou bibliographiques.

Porté par la France, le projet de BNUE est né d'une croisade engagée en janvier 2005 par le président de la BNF, Jean-Noël Jeanneney, contre la gloutonnerie de Google en la matière. En décembre 2005, le moteur américain annonçait qu'il s'attaquait à la numérisation de millions de titres mondiaux, grâce au partenariat avec de grandes bibliothèques (notamment des universités de Harvard, Stanford et Oxford). En deux ans, d'autres établissements ont signé avec le programme Google Recherche de livres , comme l'université Complutense de Madrid ou l'université de Californie.

Pour la BNF, comme pour d'autres homologues européens, il était hors de question de pactiser avec une entreprise privée, peu soucieuse d'indexation savante et qui se comporte «comme un flibustier à l'égard des éditeurs» , a souligné Jean-Noël Jeanneney, lors de la présentation d'Europeana. Google traîne derrière elle plusieurs casseroles judiciaires, aux Etats-Unis et en France. Pour Europeana, la BNF a engagé des discussions en bonne et due forme avec le monde de l'édition, afin de parvenir à un accord financier sur les ouvrages couverts par le droit d'auteur (peut-être du micropaiement).

En 2006, la BNF avait réussi à fédérer 23 bibliothèques européennes autour de son initiative. Mais numériser coûte cher et dépend de la volonté financière de chaque Etat. Plus de trois millions d'euros ont servi à bâtir le premier étage de la fusée française. En 2007, 10 millions d'euros seront affectés à Europeana, qui serviront notamment à y injecter 100 000 documents supplémentaires. Première pierre modeste, l'Europeana, dévoilée en prélude du Salon du livre, se veut ergonomique, avec une recherche par critères (date de publication, langue, provenance) et par thèmes (philosophie, histoire, littérature...). L'interface propose un espace personnel à l'internaute pour y stocker ses pages favorites. Ce n'est encore qu'un prototype modeste, mais rassurant et familier, comme les couloirs d'une bonne vieille bibliothèque.

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