L'Equateur accorde l'asile politique à Julian Assange

publié le 16 août 2012 à 12h34
(mis à jour le 16 août 2012 à 16h15)

[Dernière mise à jour: 15h55.]

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15h

Le ministre équatorien des Relations internationales, Ricardo Patiño, a tenu en début d'après-midi une conférence de presse sur l'asile politique demandé par Julian Assange, qui est citoyen australien. «La demande est accordée» , a-t-il déclaré.

Quito considère que Julian Assange «n'aurait pas droit à un procès équitable» s'il était extradé aux Etats-Unis après avoir été livré à la Suède, a encore annoncé le ministre, évoquant ensuite «un risque de persécution politique» . «Nous pensons que le Royaume-Uni offrira les garanties nécessaires afin de permettre à nos gouvernements d'agir dans le respect du droit international et du droit d'asile» , a commenté Ricardo Patiño en réaction aux intentions de Londres, réaffirmées ce matin, de ne pas permettre à Julian Assange de quitter l'ambassade d'Equateur.

Ce dernier a remercié l'Equateur et estimé pour la BBC que la décision en faveur de sa demande d'asile est «une victoire significative» .

Au mois de juin, Jean-Jacques Kourliandsky, spécialiste de l'Amérique latine à l'institut des relations internationales et stratégiques (Iris), avait estimé pour France 24 que Julian Assange «est allé dans la seule ambassade qui ne risque pas de le remettre aux États-Unis. Celle qui est la plus hermétique aux pressions américaines. Il ne pouvait pas, par exemple, se réfugier dans l'ambassade mexicaine ou colombienne. L'une est membre de l'Alena [Accord de libre-échange nord-américain, ndlr], l'autre est un grand allié des États-Unis. Elles n'auraient pas hésité à le remettre à Washington au bout de quelques jours.»

Réagissant à la décision de l'Equateur d'accorder l'asile politique au fondateur de WikiLeaks, le Foreign Office a estimé que cela «ne change rien» et qu'il sera extradé vers la Suède, qui le réclame dans une affaire d'agression sexuelle et de viol envers deux anciennes employées de WikiLeaks, datant de 2010.

Sur son compte Twitter officiel , le Foreign Office s'est dit «déçu» par la décision de l'Equateur mais «décidé» à trouver une solution négociée qui permettrait au Royaume-Uni de remplir ses obligations d'extradition envers la Suède.

Plus tôt dans la journée:

La police britannique s'est installée depuis ce matin devant l'ambassade d'Equateur à Londres, où Julian Assange s'est réfugié depuis deux mois pour échapper à son extradition vers la Suède. La police comme le fondateur de WikiLeaks attendent désormais la décision de Quito sur la demande d'asile politique que ce dernier a déposée. Celle-ci est attendue vers 14h heure française.

Une source officielle britannique citée par l'Agence France Presse (AFP) a confirmé que Londres n'autorisera pas Julian Assange à quitter l'ambassade d'Equateur, quelle que soit la décision sur son asile politique.

«Nous devons être absolument clairs sur le fait que si nous recevions une demande de sauf-conduit pour M. Assange, après qu'il ait obtenu l'asile politique [de l'Equateur], ceci serait refusé, conformément à nos obligations légales», indique une note confidentielle publiée par le Foreign Office. Le site du quotidien Britannique The Guardian publie la lettre dans son intégralité.

Des échauffourées sporadiques ont éclaté ce matin entre des manifestants pro-Assange et la police britannique. Au moins une personne a été arrêtée.

Le live vidéo de l'agence Reuters devant l'ambassade d'Equateur à Londres.

Le live vidéo assuré par le réseau indépendant Global Revolution.

Le fondateur du réseau WikiLeaks affirme être victime d'un complot en réaction aux révélations du site, qui avait entre autres publié des rapports de l'armée américaine en Afghanistan et en Irak, ainsi que des milliers de télégrammes diplomatiques américains. En juin, la justice britannique avait confirmé sa décision de l'extrader vers la Suède, où il doit répondre de viol et d'agression sexuelle sur deux Suédoises, ce qu'il nie.

Julian Assange craint notamment d’être remis aux autorités américaines, qui le demandent pour leur part dans l'affaire WikiLeaks, après son extradition vers la Suède.

Des manifestants partisans d'Assange ont passé la nuit dernière devant l'ambassade d'Equateur, située dans le quartier chic de Kensington, au dos du grand magasins Harrods. Ils ont été alertés par une conférence de presse tenue hier par le ministre équatorien des Affaires étrangères à Quito. Selon ce dernier, Londres a formulé «la menace expresse et par écrit qu'un assaut pourrait être lancé contre notre ambassade à Londres si l'Equateur ne lui remet pas Julian Assange» .

Le Foreign Office, ministère britannique des Affaires étrangères, a précisé hier que le Royaume-Uni avait «l'obligation légale d'extrader Julian Assange vers la Suède pour y être interrogé sur des accusations d'agressions sexuelles. [...] Nous restons déterminés à remplir cette obligation.» Londres pourrait dans ce cadre recourir à une loi de 1987 «sur les lieux consulaires et diplomatiques» , qui l'autorise à lever le statut diplomatique d'une ambassade dans certains cas.

Ce matin, le compte Twitter officiel du Foreign Office a évoqué des discussions encore en cours avec l'Equateur.

Par ailleurs, un groupe revendiquant la bannière Anonymous a d'ores et déjà annoncé des attaques contre des cibles officielles britanniques en ligne si les menaces contre Julian Assange se matérialisaient.

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(Source AFP)

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