Fable pirate

par Olivier Seguret
publié le 13 juin 2008 à 3h52

On présente souvent l'industrie des consoles de jeu vidéo comme étant relativement épargnée par les phénomènes de piratage, notablement par rapport à l'univers du PC. Elle a longtemps dû cette miséricorde à la multiplicité des formats par lesquels elle s'exprimait. Les grosses cartouches pour SuperNintendo ou pour N64, les petites pour GameBoy et Advance, les minidisques pour GameCube disent bien, pour ne s'en tenir qu'à un seul constructeur (la maison Mario), à quel point ces formats propriétaires étaient aussi un moyen de morceler les territoires pour mieux les affermer. Dans ces conditions, le hacking requérait quantité d'efforts sans garantie de réussite et perdait beaucoup de son intérêt, les pirates préférant concentrer leurs efforts vers des solutions visant le plus grand nombre. Mais cette époque, semble-t-il, est révolue.

Le paysage a en effet bien changé depuis ces années d'avant l'an 2000. Entre-temps, toute l'industrie a d'abord convergé vers le format DVD, porté par Sony à un degré supplémentaire en définition et en verrouillage propriétaire avec le BluRay, qui nourrit sa PS3. D'autre part, le développement considérable des services de jeu online, pour jouer live ou pour télécharger, a changé les stratégies de vente comme celles de défense.

Dans l'éternel jeu du chat et de la souris que se livrent les pirates et l'industrie, il apparaît clairement que les premiers marquent en ce moment plus de points que la seconde. Les deux Xbox successives de Microsoft, si ouvertes et faciles à trafiquer, ont un peu joué le rôle de cheval de Troie. La PS2, même en sa glorieuse fin de règne, est elle aussi largement cambriolée. La Wii a été très rapidement forcée et les pirates proposant de la «pucer» pullulent à Paris comme ailleurs. Seule la PS3, tout de même sérieusement attaquée sur le front du catalogue des films en BluRay, offre encore une résistance (à n'en pas douter provisoire) aux assauts du piratage mondialisé.

Le online offre sans doute un avantage tactique aux fournisseurs de jeux : parce que ses protocoles sont modulables à l'infini mais surtout parce qu'il porte en lui la promesse (ou la menace) d'un réseau de surveillance dissuasif qui autorise les mesures de rétorsions ciblées et immédiates, dont les cas commencent d'ailleurs à se multiplier. En résumé : sur le front des supports, les pirates tiennent la corde. Sur celui du online, les constructeurs ont un temps d'avance. Bref : chats, souris, tout le monde danse.

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