Face à la Sacem anglaise, YouTube la met en veilleuse

Un bras de fer oppose le site communautaire et l'équivalent anglais de la SACEM.
par Alexandre Hervaud
publié le 11 mars 2009 à 15h25
(mis à jour le 11 mars 2009 à 15h31)

Depuis plusieurs jours, des centaines de clips ne sont plus disponibles sur YouTube pour les internautes anglais. La plateforme de vidéo, propriété de Google, est en effet engagée dans un bras de fer avec la Performing Rights Society for Music (PRS), l'équivalent britannique de notre SACEM, sur la question des licences permettant aux artistes anglais d'être rémunérés en fonction du succès de leurs clips sur la plateforme.

Contrairement à ce qui fut un temps annoncé, la PRS n'est pas à l'origine de ce retrait impressionnant, décision plutôt extrême que Google a prise sans y être contraint. Le géant du web s'est fendu d'un communiqué pour se plaindre des exigences financières de la PRS : «elle nous demande maintenant de payer beaucoup, beaucoup plus pour notre licence qu'auparavant. Les coûts sont tout simplement prohibitifs pour nous – avec les conditions proposés par le PRS, nous perdrions de l'argent à chaque clic sur nos vidéos.»

Le litige avec PRS pourrait également s'étendre à d'autres sites communautaires, à commencer par Myspace, qui doit également revoir son deal avec la société collectrice des royalties. Pour l'avocat Kolvin Stone, spécialiste d'Internet interrogé par The Guardian , «le modèle du web 2.0 est une question d'échelle, et si les artistes sont capables d'atteindre de nouveaux publics partout dans le monde, ils pourront au final gagner plus d'argent via les ventes, les concerts. L'idée c'est de faire payer moins pour avoir plus de clients, et d'engranger des revenus par d'autres moyens» .

La stratégie de Google, entre chantage et lamentation, a déclenché outre-Manche l'ire des artistes. Helienne Lindvall, chroniqueuse pour The Guardian et accessoirement chanteuse plutôt supportable, s'en prend à YouTube en fustigeant les revenus anémiques récupérables via la plateforme. Elle rappelle également que la PRS est soumise à un contrat de confidentialité l'interdisant de dévoiler aux artistes les détails de l'accord passé entre les deux parties. «La plupart des compositeurs ne reçoivent aucun apport de YouTube, puisqu'un clip doit être vu des centaines de milliers de fois pour dépasser le seuil à partir duquel on peut être payé. J'ai entendu dire que les clips de Coldplay et autres artistes similaires leur rapportent environ 200 euros, au mieux, pour plusieurs millions de clics sur une seule vidéo» , explique-t-elle.

Pas vraiment en odeur de sainteté depuis quelques temps, suite à des couacs médiatisés (comme une demande abusive de licence pour diffuser de la musique dans un chenil par exemple), PRS en profite pour se faire l'avocat du peuple en déplorant l'attitude de Google. «Nous étions choqués et déçus suite à l'action drastique de Google qui, à notre avis, punit uniquement les consommateurs britanniques et les artistes dont nous protégeons les intérêts» . Pendant ce temps, dans les charts UK , le numéro 2 au classement est signé The Saturdays , girls band insipide qui cartonne avec une affreuse reprise de Depeche Mode : I Just can't get enough . «Je n'en ai jamais assez», in french.

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