Dans le grand bain de la bourse, Facebook fait un plat

publié le 18 mai 2012 à 19h35

Facebook a fait ce vendredi des débuts en Bourse bien plus ternes que le tapage ayant précédé l'opération ne le laissait présager, menaçant même brièvement de passer sous le cours de son entrée en Bourse. Dans les tous premiers échanges, retardés d'une trentaine de minutes en raison de difficultés de la plateforme Nasdaq à gérer cette opération massive, l'action s'est affichée en hausse de 12%. Elle a brièvement touché un plus haut à 45 dollars (+18,40%), avant de chuter quelques minutes après à son cours d'entrée de 38 dollars.

Reprenant finalement un peu de hauteur, elle cotait 41,00 dollars (+7,89%) vers 17h00 GMT. «La réaction (des investisseurs) est un peu moins enthousiaste que beaucoup l'espéraient» , a commenté Gerard Hoberg, professeur de finances à l'Université du Maryland, notant que, en moyenne depuis une vingtaine d'années, «un bond de 15% est plus habituel» pour les premiers échanges en Bourse. Selon lui, cette performance en demi-teinte s'explique par le fossé séparant d'un côté les petits porteurs voulant leur part d'une marque très grand public et de l'autre les milieux financiers. «Les professionnels qui ont examiné les chiffres derrière Facebook avaient plus de doutes» , explique-t-il.

«Facebook fait une performance terne parce que la direction n'a pas répondu aux questions» sur ses performances et ses perspectives, a réagi Trip Chowdhry, analyste chez Global Equities Research. Mais Lou Kerner, fondateur du fonds d'investissement spécialisé The Social Internet Fund, a préféré considérer que les banquiers ayant piloté l'opération avaient «fait du bon boulot» , permettant à l'entreprise et aux actionnaires existants de vendre leurs titres au prix correspondant à l'appétit du marché. M. Kerner a aussi estimé que «quand les marchés rouvriront en Europe et en Asie lundi, on pourrait voir plus d'achats» .

La matinée avait débuté en fanfare. C'est le jeune PDG et fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, qui a fait retentir à distance la cloche d'ouverture du Nasdaq, depuis le siège de Menlo Park (Californie) où il avait invité ses employés à passer la nuit en «hackathon» (marathon de codage informatique).

C'est de très loin la plus grosse entrée en Bourse pour une valeur internet. Facebook, qui a vendu ses actions à 38 dollars pièce, a obtenu une valorisation de 104 milliards de dollars, toutes stock options comprises, très au-delà des 23 milliards de dollars que pesait son aîné Google lorsqu'il a fait ses premiers pas d'entreprise cotée en 2004. Facebook a récupéré dans l'opération 6,84 milliards de dollars, sur une opération totale de quelque 16,02 milliards de dollars, le solde revenant à des actionnaires initiaux.

M. Zuckerberg, 28 ans, n'a vendu que les actions qui lui permettront de solder sa facture fiscale, en conservant une participation de 18,4%, et 55,8% des droits de vote. C'est la deuxième plus grosse introduction en Bourse pour une valeur américaine (hors titres préférentiels). En 2008, Visa avait levé 17,9 milliards lors de son entrée sur le marché.

De nombreux analystes ont mis en garde contre tout emballement pour le titre «FB». Même les plus convaincus des promesses de «l'internet social» estiment qu'à l'horizon d'un an, il pourrait progresser de 5% à 10%. Ce serait beaucoup mieux que le site de bonnes affaires Groupon -- qui a perdu 38% depuis sa première cotation en novembre -- mais moins exceptionnel que le réseau professionnel LinkedIn, qui en un an a pris 133%. Le chiffre d'affaires de Facebook est en décélération alors que l'entreprise fait monter en puissance ses investissements et peine à générer des revenus depuis les appareils portables, de plus en plus utilisés pour consulter le site.

(AFP)

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