Facebook et Spotify, des amis un peu envahissants

par Virginie Malbos
publié le 27 septembre 2011 à 19h10

Après le F8, la conférence des développeurs d'applications Facebook se déroulant à San Francisco , on aurait pu croire naïvement que la douzaine de partenaires annoncés pour le service Music seraient traités à la même enseigne. Vraiment naïvement, car sur scène, point de représentant de Deezer, Rhapsody ou autre Rdio, mais en revanche Daniel Ek, le PDG de Spotify, qui a eu droit à son discours. Toujours bien naïfs, on aurait pu mettre cela sur le dos d'un temps de parole loin d'être infini justifiant alors ce privilège anodin. C'était avant de se rendre compte que la dite page Music ne proposait, pour l'instant, que des liens vers Spotify. Et bien avant de comprendre que désormais, pour s'inscrire sur le site de musique en streaming, il faudrait montrer patte blanche en lui donnant accès à son profil Facebook. Et vice-versa, le réseau social s'offrant ainsi la possibilité de publier en direct dans son télex toutes les chansons écoutées.

Si le problème du côté du réseau social est facilement gérable : cliquez «Paramètres du compte», «Applications» puis «Spotify» et passez la confidentialité en «moi uniquement», cela ne règle pas tout. Car Spotify a ainsi accès aux données de votre profil et Facebook peut de son côté stocker tout ce qui est écouté. Deux inconvénients sans doute indispensables pour «créer un merveilleux nouveau monde de découvertes musicales» , dixit Daniel Ek. Par ailleurs, les nouveaux inscrits devront d'office synchroniser leur profil avec leur compte Spotify. Et réouvrir Facebook pour lancer le logiciel tant qu'ils n'auront pas pris la peine de créer eux mêmes un mot de passe sur la page Profile de Spotify. L'opération n'étant pas expliqué, beaucoup se contenteront donc de passer par Facebook chaque fois qu'ils compteront écouter de la musique.

Face aux nombreuses critiques, de nouveaux utilisateurs comme d'anciens, l'entreprise a tenté de se justifier, expliquant qu'il faudrait «penser ceci comme un 'passeport' virtuel, conçu pour rendre l'expérience plus lisse et plus facile, avec un nom d'utilisateur et un mot de passe en moins à retenir.» Sur Twitter, Daniel Ek fait le service après vente et défend cette décision. «Nous voulons éliminer les obstacles à l'inscription et créer une expérience plus transparente. D'autant que nos utilisateurs sont adeptes du social» . Pour autant, il ne rejette pas de futurs changements : «Nous allons essayer beaucoup de choses, et probablement améliorer cela avec le temps, mais nous apprécions les commentaires et nous en tiendrons compte dans nos évolutions.»

Comme ils devraient tenir compte de la vague de nouveaux abonnements survenus après ce partenariat avec Facebook : un peu plus d'un million de nouveaux inscrits en une semaine. Afin de mieux les appâter, même si le télex aurait pu suffire en terme de publicité, les restrictions d'écoute -- 10 heures par mois, 5 fois le même morceau maximum -- sont supprimées les six premiers mois pour les nouveaux inscrits et pour les utilisateurs présents depuis moins de six mois. Spotify espère ensuite transformer tous ces nouveaux venus en abonnés et donner vie à sa prédiction du F8: «La découverte via Facebook va amener plus de monde à acheter à nouveau de la musique.» Cette exclusivité donnée au réseau social n'a donc rien d'un hasard, Daniel Ek expliquait alors : « Ces utilisateurs sont plus sociaux, ils sont plus engagés. Parce qu'ils sont plus engagés, ils sont deux fois plus enclins à acheter de la musique. »

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