Facebook : la vie rêvée des membres

Les nouveaux outils engrangeront encore plus de données privées.
par Erwan Cario
publié le 24 septembre 2011 à 13h29
(mis à jour le 24 septembre 2011 à 13h31)

Avec ses 800 millions d’inscrits et la barrière du demi-milliard d’utilisateurs connectés en une seule journée, l’impact d’un changement à l’intérieur même de Facebook est difficilement quantifiable. Comme pour le battement d’ailes d’un papillon, à quoi va ressembler l’ouragan?

D’un site permettant de partager son actualité avec un cercle de connaissances (ou d’«amis», selon la nomenclature locale), Facebook veut donc devenir le site de la mise en scène et de l’archivage de la vie. De toute la vie. La partie émergée de ce projet, c’est la «Timeline» : chacun des utilisateurs pourra choisir ce qu’il veut montrer de son existence, et même ajouter des informations antérieures à la création du réseau social. Facebook ne propose donc rien de moins que de créer le curriculum vitae au sens premier («chemin de vie») et absolu du terme. Seul Facebook pouvait mettre en place et imposer à une telle échelle ce nouvel usage. Simplement grâce à sa force de frappe : la pression sociale dans sa forme numérique.

Et pour y arriver, pour que l'utilisateur puisse facilement décider de cette vie rêvée qu'il va pouvoir présenter au monde, il va falloir donner plus à l'ogre des données personnelles. Et «sans friction» (dixit Zuckerberg) s'il vous plaît, en automatisant au maximum tous les processus. Et c'est là que le concept génial (et terrifiant) de lightweight activities («activités anecdotiques») entre en jeu. J'écoute Ces Gens-là . Je suis rue Béranger, à Paris. Je joue à Angry Birds . Je regarde Breaking Bad . Pourquoi s'embêter à rentrer manuellement ces informations lorsque des applications peuvent s'en occuper si on leur en donne l'autorisation une fois pour toutes ? Et surtout, il ne faut pas s'inquiéter, ça ne dérangera pas les «amis», puisque ça n'apparaîtra que dans le «télex» en haut à droite de la page. C'est, bien sûr, la seule raison qui nous empêchait de le faire ! La masse d'informations récoltées permettra à Facebook de faire ressortir des patterns , des schémas comportementaux récurrents très utiles pour simplifier (et pimenter) la vie des utilisateurs. Et celle des annonceurs.

Car la seule question éludée de cette présentation a bien sûr été celle de la contrepartie à payer pour les utilisateurs. On connaît bien le modèle économique de Facebook basé sur la publicité ciblée, qui devrait se porter comme un charme dans les années qui viennent. En août 2010, sur un forum du site MetaFilter , un certain blue_beetle a eu cette remarque, si pertinente qu'elle a fait le tour du Web : «Si vous ne payez pas, vous n'êtes pas le consommateur, vous êtes le produit en train d'être vendu.»

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