Facebook cherche toujours le mobile dans son affaire

par Aziz Oguz
publié le 27 juillet 2012 à 14h11
(mis à jour le 27 juillet 2012 à 15h28)

La série noire continue pour Facebook. Hier, la plateforme de jeux en ligne Zynga, génératrice de trafic sur le réseau social, affichait de lourdes pertes . Aujourd'hui c'est au tour de l'entreprise de Mark Zuckerberg d'annoncer des mauvais résultats pour le second semestre 2012 .

Facebook accuse ainsi une perte nette de 157 millions de dollars (127,7 millions d'euros), alors qu'un an plus tôt il avait dégagé 159 millions de dollars (129,3 millions d'euros) de bénéfices sur la période. Ce déficit est principalement dû aux paiements de stock-options lors de l'introduction en bourse de Facebook, le 18 mai.

En effet, le chiffre d'affaires de Facebook reste solide, en hausse de 32% sur un an pour se situer à 1,18 milliard de dollars (0,96 millions d'euros). Mais il avait augmenté de 45% au premier trimestre, et la bourse de New York a mal réagi à la fragilité du réseau social, qui doit encore faire les preuves de sa rentabilité sur le long terme. Ainsi à la clôture, son action perdait 8,5% à 26,80 dollars, soit une perte d’environ 29% par rapport à son prix d'introduction en Bourse (38 dollars).

Pour les observateurs, cette chute de l'action Facebook n'est donc pas directement liée aux pertes annoncées, mais davantage à la stratégie publicitaire du réseau, dont ses revenus dépendent à près de 85%. «Nous ne considérons pas que ces résultats soient dramatiquement bons ou mauvais , a ainsi expliqué à l'AFP Mark Mahaney, analyste chez Citi. [Mais] des questions essentielles se posent encore: l'avenir de la monétisation de Facebook sur l'Internet mobile et l'avenir de l'implication des internautes dans leurs activités sur Facebook.» D'après les derniers chiffres communiqués par Facebook , 955 millions d'utilisateurs se connectent chaque jour, soit 29% de plus que l'an dernier à la même date. Mais ils sont plus de 543 millions à accéder au réseau via un smartphone ou une tablette (+67%), et ce sont ces utilisateurs-là qui posent aujourd'hui des soucis à Facebook.

En effet, très peu de publicités sont pour le moment affichées sur l'application mobile de Facebook, et le réseau n'en tire que très peu de revenus. Pour Micheal Pachter, analyste à Wedbush Securities, c'est un faux problème. «Les gens passent seulement un petit peu de temps sur leur mobile, ils en passent beaucoup plus sur leur ordinateur , explique-t-il à Ars Technica . L'usage du téléphone est d'environ 65 minutes par mois, alors qu'il est de 310 minutes pour l'ordinateur, ce qui me fait penser que le faible revenu publicitaire sur mobile n'est pas aussi problématique que cela.»

Pour autant, lors d'une téléconférence traditionnelle tenue avec des analystes, Mark Zuckerberg et sa directrice d'exploitation, Sheryl Sandberg, ont voulu rassurer la bourse. Facebook compte désormais beaucoup sur les «statuts sponsorisés», qui viennent d'être lancés sur mobile en juin. et qui consistent à transformer certaines publications d'amis (notamment les check-in par géolocalisation et les likes de pages officielles) en publicités. Selon Facebook, ces statuts sponsorisés rapportent aujourd'hui un million de dollars par jour (0,81 million d'euros), dont la moitié sur internet mobile.

Ces publicités posent évidemment des problèmes de vie privée. En juin dernier, Facebook a même lâché un gros pactole pour s'éviter un procès sur le sujet. Sheryl Sandberg a indiqué que Facebook était très prudent dans le lancement de ces publicités, de peur de dégoûter les internautes trouvant des publicités au milieu de leur flux d'actualités, et qu'il était nécessaire «d'éduquer les annonceurs pour qu'ils apprennent à faire des publicités qui ouvrent un dialogue» avec les consommateurs.

Mark Zuckerberg a pour sa part indiqué que sa société s'attache à investir pour développer ses priorités, dont les publicités «sociales» et l'Internet mobile. C'est d'autant plus indispensable que, selon lui, les mobinautes ont une relation bien plus assidue avec Facebook que ceux qui ne consultent le site que sur un ordinateur. Interrogé sur les rumeurs d'un téléphone portable Facebook, qui ont resurgi hier , il les a toutefois démenties.

(Avec AFP)

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus