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Libération

Facebook, une bonne action pour Wall Street

Le réseau social pourrait entrer mercredi en Bourse et lever 10 milliards de dollars.
par Fabrice Rousselot
publié le 30 janvier 2012 à 10h45
(mis à jour le 30 janvier 2012 à 11h02)

Cette fois, la date se précise. Selon le Wall Street Journal , l'introduction en Bourse de Facebook, attendue depuis des mois par les investisseurs américains, pourrait avoir lieu mercredi. Le réseau social fondé en 2004 à Harvard par le petit génie Mark Zuckerberg, qui revendique aujourd'hui plus de 800 millions d'amis, pourrait lever 10 milliards de dollars (7,5 milliards d'euros), avec une valorisation estimée entre 75 et 100 milliards. L'opération serait la plus importante jamais réalisée par un géant d'Internet, loin devant Google dont l'entrée en Bourse s'était élevée à 1,9 milliard il y a sept ans. La nouvelle a mis Wall Street dans tous ses états, même si Facebook n'a encore rien confirmé, et si certaines sources proches du groupe se contentent d'évoquer une cotation «entre avril et juin» , sans autre précision.

En réalité, le dossier enflamme les marchés depuis janvier 2011. Pour la première fois de son histoire, le réseau social avait rendu public un chiffre d’affaires de plus de 1,5 milliard de dollars. La banque d’affaires Goldman Sachs se disait alors prête à offrir des actions Facebook à ses clients sur le marché secondaire, en attendant l’introduction officielle. Dans la foulée, Facebook se voyait contraint de confirmer qu’il allait clore son exercice 2011 en ayant dépassé le fameux cap légal des 500 investisseurs, qui oblige toute compagnie américaine à publier ses résultats financiers.

Jusque-là, Mark Zuckerberg, 27 ans, s'était toujours montré réticent face à l'entrée en Bourse de son groupe. Il n'a jamais caché qu'il préférait diriger une société non cotée, sans obligation de transparence et sans la pression générée par les marchés. «Il veut consacrer toute son énergie à révolutionner Internet et à améliorer Facebook» , expliquait récemment à Libération l'auteur de The Facebook Effect , David Kirkpatrick, «on peut comprendre que le fait de devoir rendre compte de la santé financière de sa compagnie tous les trois mois lui pèse un peu et lui apparaisse comme quelque chose qui puisse freiner son développement» .

La pression est d’autant plus forte pour Zuckerberg que certains analystes s’interrogent sur l’avenir à long terme de Facebook. Selon des estimations de la firme de recherches eMarketer, le groupe aurait certes vu ses revenus publicitaires passer de 738 millions de dollars en 2009 à 3,8 milliards en 2011. Mais nombreux sont ceux qui soulignent que personne ne sait aujourd’hui si le groupe est rentable et s’il a les moyens d’élargir encore sa base d’utilisateurs. Depuis plusieurs semaines, Facebook doit notamment faire face à la concurrence frontale de Google+, le réseau social mis sur pied par Google, avec l’objectif de faire de l’ombre à Zuckerberg.

Les préparatifs à cette cotation qualifiée «d'historique» ont en tout cas entraîné une véritable foire d'empoigne entre les banques d'affaires à New York, qui voulaient toutes mener l'opération. Selon plusieurs sources citées par le Wall Street Journal et la presse américaine, Facebook aurait finalement choisi Morgan Stanley pour diriger la manœuvre. Non sans avoir dû arbitrer une bagarre épique, durant laquelle Goldman Sachs et Morgan Stanley se sont dites prêtes toutes les deux à abaisser leur commission, pour prélever «seulement» 1% des revenus de la transaction globale (contre 4 à 5% habituellement). Avec une levée de fonds à 10 milliards de dollars, cela représente quand même un jackpot non négligeable de 100 millions.

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