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Libération

Le Festival du jeu vidéo en mode difficile

par Virginie Malbos
publié le 10 septembre 2010 à 12h59
(mis à jour le 10 septembre 2010 à 13h28)

L'armistice est déjà signé ? Qu'importe. L'ultime bataille des salons consacrés au jeu vidéo aura bien lieu cet automne. Sur le front, deux adversaires s'échauffent, prêts à séduire le même public. Et s'ils affirment «beaucoup s'aimer» et ne pas vouloir être opposés, ils savent aussi qu'il y a désormais à Paris un salon du jeu vidéo en trop.

Dès aujourd'hui, la première salve de ce mois et demi de festivités sera donc tirée par le Festival du jeu vidéo. Pendant trois jours, la cinquième édition prendra ses quartiers Porte de Versailles. Suivie, fin octobre, par le tout nouveau Paris Games Week. Et le doyen Micromania Game Show ? Il fêtera bien ses dix ans, mais juste pour la forme. Le nouveau salon, programmé comme il se doit le même week-end, l’a forcé à revoir ses ambitions : une journée au lieu de quatre et pour tout public des invités de la chaine de magasins. Si ce n’est pas la guerre – dixit les organisateurs – ça y ressemble. Et les deux survivants ont sorti leurs armes, en prenant soin de se replier dans leurs tranchées.

Pour le Festival du jeu vidéo, organisé par l'agence de communication GamesFed, la formation sera mise à l'honneur. Privilégiés : le côté «salon de l'étudiant» du jeu vidéo et le dialogue avec les professionnels. Côté Paris Games Week, créé par le Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), ce sera «show» avec des stars et des vedettes, sur un mode «salon de l'auto du jeu vidéo» . Tony Parker et David Guetta sont cordialement invités. Chouette. Mais le jeu vidéo dans tout ça ? Les exclusivités propres aux festivals comme l'E3 ou la Gamescom ?

Avec trois événements autour du jeu vidéo, Paris sera en réalité moins bien lotie que les autres villes et leur unique manifestation. Les grandes annonces ont déjà été faites ailleurs. Quant aux possibilités de tester des jeux, le choix du SELL de quitter le Festival pour créer son propre salon les a concrètement limitées. Jean-Claude Larue, délégué général du SELL résume : «Tous les éditeurs seront sur le Paris Games Week. De manière logique, ils ne se déplaceront pas lors des deux autres dates» . «Un choix politique» contre lequel Jonathan Dumont, fondateur du Festival ne se voit pas lutter. «Nous n'aurions de toute façon pas les outils pour se placer en concurrence avec eux » .

Quant aux propos tenus par son confrère il y a quelques mois - tel le prophétique «Le Festival du jeu vidéo, c'est terminé» - il les relativise. «Cette année, on n'a pas réussi à trouver une solution pour se rapprocher. Mais on ne pourra pas indéfiniment se replier sur nous-mêmes. Il est nécessaire de rassembler ces deux visions du jeu vidéo ». Un avis partagé par le SELL, qui a déjà fait céder Micromania. «Il ne faut surtout pas croire que je m'oppose à Jonathan Dumont. J'ai bon espoir que les choses s'arrangent et je ne vois pas pourquoi il ne serait pas au Paris Games Week l'an prochain» . Une raison, peut-être : s'il ne doit rester qu'une manifestation, le fondateur du Festival souhaiterait sans doute que cela soit la sienne. En attendant un arrangement, et une victime consentante, l'amateur de jeu vidéo devra donc investir temps et argent pour compenser. A moins qu'il ne préfère opter pour les valeurs sûres et rester chez lui. La guerre, c'est toujours mieux sur console.

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