Free mobile, la surprise à tout prix

par Catherine Maussion
publié le 4 janvier 2012 à 17h26
(mis à jour le 12 octobre 2012 à 16h56)

Les paris pour la date de lancement de Free mobile sont ouverts. Il aura lieu soit cette semaine, au mieux aujourd'hui, soit la semaine prochaine, mais pas après le jeudi. Sauf à ce que Free piétine l'injonction du régulateur des télécoms d'ouvrir son réseau au plus tard le 12 janvier. Jusqu'au bout, Xavier Niel aura excellé dans la maîtrise du buzz : «Il y a quatre personnes dans la confidence» , avait confié Xavier Niel à Libération . Depuis l'automne, les médias n'ont cessé d'annoncer le Père Niel : ce devait être à coup sûr avant Noël, puis, vrai de vrai, le 19 décembre, et re-sûr, lundi 2 janvier… Hier le Nouvel Obs annonçait que ce serait «entre mercredi et vendredi» , de source «anonyme» , et «proche du dossier» . Niel seul le sait !

Tout est prêt. D'abord la logistique pour la livraison. Pickup et ses 3700 points-relais -- le réseau appartient à Geopost, la filiale colis de la Poste --, est sur le pied de guerre, prêts à réceptionner les colis de Free mobile. Une indiscrétion du site MacGeneration.com .

Cette fois, Niel a pris ses précautions. Il ne devrait pas y avoir d’engorgement, comme ce fut le cas au premier trimestre 2011, avec la livraison des premières box Revolution : certains points-relais de la société de logistique Kiala avaient été incapables de supporter la charge. Les dimensions des locaux, fixées par Pickup, préviennent tout engorgement. Prudent, Free s’appuiera aussi sur Chronopost, assure-t-on chez Pickup, un réseau qui monte et qui vient de piquer à Kiala le marché des box ADSL de SFR.

Les salariés sont eux aussi dans les starting-blocks. «On est en train de lancer en urgence les derniers modules de formation auprès des derniers salariés recrutés» , confie-t-on en interne. Oubliée, la colère qui avait saisi les syndicats à la mi-décembre. Ils avaient été choqués par les manières de la nouvelle directrice des plateformes d'appels, recrutée chez LCL (ex-Crédit lyonnais). Elle avait changé d'autorité les plannings, basculant des équipes du matin vers l'après-midi sans concertation ni préavis. «Ce qu'il y a de bien, chez Free, c'est qu'on peut frapper à la porte de notre direction» , commente un syndicaliste pour qui cette affaire -- que Free refuse de commenter --, est aujourd'hui réglée et même «totalement oubliée» .

En interne, on préfère insister sur les recrutements, massifs, avec les deux nouveaux centres d'appels en Ile-de-France, à Vitry et à Colombes, soit, respectivement, 700 et 800 salariés à terme. A Bordeaux (500 salariés) et à Marseille (450 salariés), les deux centres d'appel de Free dédiés à Internet «sont au bord de la saturation» , dixit un délégué du personnel. Les plus prompts à râler face à un lancement différé, ce sont précisément les salariés, «aux deux tiers freenautes» assure l'un d'eux : «Il y en a chez nous qui ont mal pris le report.» Ils brûlent surtout de connaître l'offre «spéciale collaborateurs» , sachant que Free, assez généreux sur ce chapitre, fait déjà cadeau à ses salariés de l'abonnement à la Freebox, à hauteur de 50 euros par mois.

Culture du secret oblige, les salariés ignorent tout des futurs forfaits à quelques jours du lancement. L'un d'eux parie sur «une gamme limitée de deux ou trois offres, hypersimple, parce que la formation sera courte» , entre une basique avec voix et SMS, et une illimitée.

À l'extérieur, l'imagination est aussi au pouvoir. Quand on demande à Stéphane Piot, directeur en France d'Analysys Mason et conseil en stratégie dans les télécoms, jusqu'où Free peut casser les prix, il répond qu'il n'y a pas de limites ou presque, au moins au début s'il veut grossir très vite : «Une politique très agressive ne coûte pas grand-chose à Free, puisqu'au lancement son réseau sera vide, et qu'il représente surtout un coût fixe» , même si Free devra rémunérer Orange qui lui prête, au départ, son réseau 3G. Le spécialiste imagine volontiers aussi la voix en illimité franchir, avec Free mobile, un nouveau pas, notamment pour les appels à l'international qui passeront à domicile, par le relais de la box.

De son côté, Niel ne dévie pas d'un pouce sur sa promesse de diviser ses prix par deux. Une annonce réitérée encore en décembre dans une vidéo postéee sur IT Expresso, qui étrille ses concurrents dans des termes peu aimables : «Ils n'ont toujours rien fait» , sauf «micro-baisser leurs prix» . Ce à quoi Stéphane Richard, le patron d'Orange, répliquait lundi dans le Figaro , en vantant «tout un arsenal de ripostes» , et en jurant «de jouer sur les prix» .

Paru dans Libération du 4 janvier 2012

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