«Fuck Google», l’alternative libertaire

par Marie Lechner
publié le 15 février 2010 à 15h33

«Fuck Google». Le thème du workshop a l'avantage d'être limpide. A l'occasion de la Transmediale, festival d'art numérique la semaine dernière à Berlin (et dont Google était l'un des sponsors), le turbulent F.A.T. Lab tentait de sensibiliser les internautes à la pieuvre Google. Réseau informel regroupant une vingtaine d'artistes, musiciens et hackeurs, F.A.T. (Free Art and Technology) milite pour la culture libre, les technologies ouvertes en développant des projets, de préférence déconnants et très premier degré. «On essaye d'intéresser les plus jeunes à la culture libre, en parlant leur langage, en utilisant les vidéos virales. De donner une image cool et (hip) pop de l'open source et des pratiques collaboratives» , dit Evan Roth, également fondateur du Graffiti Research Lab. Ce club international de geeks se retrouve d'ordinaire en ligne, tchatent sur IRC pour définir un thème qu'ils s'amusent à décliner sous forme de logiciels, d'extensions, de jeux, de vidéos parodiques. Les esclandres répétés du rappeur Kanye West ont donné lieu par exemple à un KANYWEBST. Durant une semaine, les participants ne devaient s'exprimer qu'en lettres majuscules (une manière de «CRIER» sur le Web, très malpolie) et proposer des outils 2.0 qui tournent en ridicule la pop star. Ainsi ce programme qui twitte à chaque nouvelle explosion de colère ou cette extension qui permet de voir le Web à travers ses lunettes rayées.

Dans le rôle du méchant, Google est le client idéal. La multinationale qui possède plus de 150 domaines, des douzaines d'applications web, un moteur de recherche et des sites parmi les plus populaires est devenue incontournable. F.A.T. veut sensibiliser à cette «google-ification d'Internet» et à la question des données personnelles qu'on lui confie en toute confiance.

FuckGoogle est une collection d'extensions, de logiciels open source et d'actions directes créées pour rendre attentif au rôle que Google joue dans notre vie de tous les jours. «Ne vous méprenez pas , écrit Aram Bartholl, nous aussi nous utilisons Google, Gmail, Youtube, ses calendriers, documents, cartes, etc. Nous les utilisons comme les WC publics quand nous devons aller pisser; parce qu'il semble qu'il n'y ait pas d'autre option. Or il existe des alternatives.»

Pythie contemporaine, Google a réponse à tout. On peut donc faire confiance à «Dr Google» pour diagnostiquer le mal dont vous souffrez : il suffit d'entrer ses symptômes dans la barre de requête. Evan Roth détourne un film où un Black gringalet (dans le rôle de YOU) se fait piquer son vélo (dans le rôle de «votre contenu») par un gros balèze (dans le rôle de Google).  «Reprenez vos affaires!» conclut le clip avec ce slogan «Web 3.0 : le grand repli sur vos propres serveurs» . Parmi les autres actions héroïques : montrer ses fesses à la voiture de Google Street View en maraude à Berlin. En cours, le développement d'un plug-in «Google Air Horn», une sirène qui retentira à chaque fois que vous êtes sur un site web utilisant un service Google, histoire de susciter un réflexe pavlovien ou vous rendre sourd à jamais.

Paru dans Libération du 13 février 2010

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