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Libération

«GTA : Chinatown Wars» met la DS en suspension

Avec le nouvel épisode de la série de gangsters, Rockstar transcende la console de Nintendo.
par Erwan Cario
publié le 17 avril 2009 à 16h28

Depuis avril 2008, Rockstar nargue l'industrie du jeu ­vidéo. Avec GTA IV , le studio britannique terrassait tout ce qui s'était fait sur les ­consoles surpuissantes de dernière génération. Narration, profondeur de jeu, mise en scène, immersion, dans tous ces secteurs majeurs, GTA IV ne joue pas dans la même cour. En janvier, en proposant l'extension The Lost and Damned à télécharger, c'est le secteur des contenus additionnels qui recevait une belle claque. Restait la DS de Nintendo. Sans doute le support où l'on attendait le moins l'agitateur ludique. Et pour cause, Dan Houser, cofondateur du studio, est connu pour ses positions radicales ­concernant les petits jeux qu'on trouve par wagons sur cette console (En VO : «Fuck all this stuff about casual gaming» dans le New York Magazine). Mais le meilleur moyen de montrer l'inanité de la plupart des productions est encore de s'y coller.

Et la leçon est édifiante. GTA : Chinatown Wars est non seulement le plus grand jeu tournant actuellement sur les deux écrans de la console portable, mais il renvoie la plupart des productions «casual» à leur médiocrité technique et créative. Ce qui frappe en premier lieu, c'est la performance des développeurs, qui ont réussi à modéliser la quasi-totalité de Liberty City, clone de New York où évoluait déjà Niko Bellic, le héros de GTA IV . A pied ou en voiture, on peut donc parcourir les rues dans une 3D simplifiée vue de haut avec une fluidité déconcertante – et une prise en main immédiate, ce qui ne gâche rien. A tel point qu'on a l'impression de découvrir des capacités cachées de la DS.

Comme Niko, Huang Lee est ici un nouvel immigrant. Il débarque après la mort de son père, membre éminent des triades chinoises, pour livrer une épée symbolique au grand chef local. L'épée est dérobée et les ennuis commencent. La marque de fabrique d'un GTA , c'est d'abord la liberté. Celle de déambuler dans la ville à l'envi, celle de pouvoir lancer des missions annexes sans prétention (taxi, flic, ambulancier, etc.) et celle de poursuivre le scénario avec les missions principales au moment souhaité. Chinatown Wars est donc un GTA dans la plus pure ­tradition, mais chaque élément est ici fignolé. Ainsi, pour s'enrichir, on peut s'essayer au trafic de drogues. Et on y passe des heures. Il faut repérer les dealers, jouer sur l'offre et la demande en fonction des types de drogues et des gangs, profiter des bonnes affaires, échapper aux policiers…

Rockstar aurait pu se contenter de réaliser un bon jeu sans utiliser les spécificités tactiles de la console. On ne leur en aurait même pas voulu. Mais ils l'ont fait avec un enthousiasme débridé. On ne compte même plus le nombre de situations différentes où l'on est amené à utiliser le stylet. Certaines se répètent, comme le démarrage de voiture volée, mais la plupart sont à usage unique (poser une bombe, monter un fusil, briser une vitre, utiliser un sonar, etc.). Simple, rapide, mais toujours très bien intégré au reste du jeu. Là encore, le studio montre qu'il maîtrise le sujet. Un peu l'air de dire : «Regardez, si on peut le faire, les autres doivent y arriver.» On espère juste que le reste de l'industrie est en train de prendre des notes.

Article paru dans Libération le 17 Avril 2009

GTA : Chinatown Wars sur DS, Rockstar, 40 €.

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