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Libération

GTA IV : un avocat anti-jeux se sent visé

par Erwan Cario
publié le 20 septembre 2007 à 17h41
(mis à jour le 20 septembre 2007 à 17h44)

Jack Thompson est une célébrité dans le monde du jeu vidéo. Cet avocat activiste est en effet connu pour enchaîner sans relâche les attaques judiciaires contre les jeux violents, ou ceux contenant de la nudité. Pour, généralement, se faire débouter par les juges ou les cours d'appel (lire l'article). Sans surprise, c'est Take Two qui se retrouve le plus souvent dans la ligne de mire de Thompson. L'éditeur est en effet le spécialiste mondial du jeu vidéo violent et immoral avec les productions des studios Rockstar telles que Manhunt ou la série des GTA . Rien d'étonnant donc, à ce que la nouvelle croisade de Jack Thompson concerne le quatrième opus de Grand Theft Auto , annoncé pour début 2008. Mais les circonstances sont ici un peu particulières. Dans une lettre envoyée à Strauss Zelnick et Ben Feder, président et directeur général de Take Two, l'avocat les accuse en effet d'utiliser un de leur jeu pour «attenter à [sa] sécurité physique» .

L'affaire fait suite à la sortie du numéro de septembre de Game Informer , un des principaux magazines spécialisés aux Etats-Unis. Les pages 80 et 81 sont consacrées aux impressions d'un journaliste qui a pu manipuler GTA IV une heure durant, et dont il raconte les premières minutes. Le premier contrat de l'anti-héros Niko consiste à éliminer un avocat. Une fois la mission réussie, Niko finit par pointer une arme vers l'avocat, qui déclare : «Les armes ne tuent pas les gens. Les jeux vidéo le font.» C'en est trop pour Jack Thompson, qui explique dans son courrier : «Le fait que l'avocat tué dans la première mission de Niko évoque les jeux vidéo est clairement une référence à ma personne...» .

Pour l'avocat, pas question de laisser passer cette petite blague : «Vous avez jusqu'à vendredi 17 heures pour me confirmer le fait que vous aller retirer les éléments ci-dessus, et tous les éléments qui peuvent éventuellement me concerner dans Grand Theft Auto IV , ainsi que dans tous les jeux à venir.» Dans le cas contraire, l'avocat menace de demander l'interdiction du jeu. Un ultimatum qui a peu de chances d'aboutir, vu les relations déjà houleuses entre les deux parties. En 2005, Rockstar avait en effet déjà fait indirectement allusion à Jack Thompson. A l'occasion de la sortie de GTA: Liberty City sur PSP, le studio avait réalisé une petite énigme sur son site promotionnel où il fallait trouver des informations à propos d'une adresse mail «JT@citizensunitednegatingtechnology.org» (qu'on peut traduire par JT@citoyensuniscontrelatechnologie.org ). Le propriétaire, aux initiales étrangement communes avec l'avocat, se révélait être finalement un pervers sexuel aux tendances pédophiles.

Peu de chances, donc, que les trublions de Rockstar , à l'humour potache et parfois douteux, cèdent aujourd'hui aux cris d'indignation de l'activiste anti-jeux.

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