GTA V : Gangsters aux anges

par Bruno Icher
publié le 13 novembre 2012 à 10h50
(mis à jour le 13 novembre 2012 à 11h16)

Fin octobre, l’éditeur RockStar avait invité la presse à découvrir les premiers éléments de «Grand Theft Auto 5». Une étape dans le déroulement d’une campagne qui s’étale de cet automne, avec le dévoilement de plusieurs bandes annonces, jusqu'au printemps prochain avec le lancement du jeu dans le commerce.

Pour l'éditeur, l'enjeu est crucial : GTA est sa licence fétiche, son bateau amiral et les moyens mis en œuvre à chaque nouvel opus représentent des budgets comparables aux plus grosses productions de cinéma. Surtout, GTA qui avait inventé la notion de l'open world, un territoire de jeu dans lequel le joueur peut faire évoluer son personnage comme il l'entend, sans restriction de temps ou d'action, est devenu une caractéristique très populaire du jeu vidéo chez d'autres éditeurs. Il fallait donc pour RockStar se démarquer de la concurrence et cette présentation de New York devait marquer les esprits en poussant toutes les limites le plus loin possible.

Pour ceux qui seraient passés à travers la saga GTA , il n'est pas inutile de rappeler que le principe du jeu est la prise en main du destin d'un homme dans une jungle urbaine. Il s'agit toujours d'un voyou qui fait son chemin dans la hiérarchie de la pègre locale par le truchement d'une série de missions plus ou moins difficiles. Depuis GTA 3 , immense succès du début des années 2000, les jeux ont exploré toute la mythologie du crime des années 70, 80, 90 et 2000 dans des grandes métropoles américaines (New York, Miami, Los Angeles, San Francisco mais sous des noms différents). Mais GTA est surtout une critique sociale qui, jusqu'à présent, a systématiquement fait mouche, stigmatisant une société où le crime, organisé ou non, est toujours le prix à payer de toute ses injustices.

Au cours de cette présentation fin octobre, plusieurs éléments cruciaux du jeu ont été dévoilés. En premier lieu, le fait que l’action se déroule à Los Angeles, une zone déjà utilisée par l’éditeur avec San Andreas. La carte semble cette fois monstrueuse, s’étalant des zones désertiques jusqu’aux villas luxueuses de Beverly Hills, aux promenades de Venice Beach ou aux ghettos d’East L.A. Selon les développeurs, la plupart des lieux emblématiques de L.A. seront également transposés dans le jeu, comme par exemple, l’Observatoire Griffith ou les inévitables lettres Hollywood (Vinewood dans le jeu) mais aussi les boîtes à la mode du quartier gay de West Hollywood ou les bars légendaires comme le Château Marmont.

Second point, essentiel, la narration se déroulera au rythme non pas d’un mais de trois personnages. Ce sont des toujours des gangsters, cest ce qui les lie, mais tout le reste semble les opposer : l’âge, l’expérience et le tempérament. Certaines missions nécessiteront un seul personnage, d’autres deux (pas nécessairement les mêmes) et d’autres encore tous les trois. Dans le feu de l’action, le joueur devra basculer de l’un à l’autre s’il veut venir à bout de l’épreuve qui lui est présentée. Un choix gonflé et plein de promesses mais aussi d’inconnus.

Pour éclairer un peu l’ambition du jeu, les développeurs, à New York, ont montré le déroulement d’une mission. Ici, les trois personnages s’attaquent à l’immeuble de la police pour faire évader un homme dont ils ont besoin. Comme nous sommes dans un GTA, les méthodes des flics sont toujours aussi discutables puisqu’ils sont en train de questionner l’individu en question à coups de lampe torche sur les phalanges. Bref. Voilà nos trois hommes (toujours pas d’héroïne dans GTA) qui partent à sa rescousse. L’un conduit l’hélicoptère, le deuxième qui descend la façade en rappel avant de briser une fenêtre pour sauver le prisonnier tandis que le troisième est posté dans l’immeuble d’en face avec un fusil à lunette.. L’hécatombe peut commencer et le joueur prend possession de chaque personnage, tour à tour, en fonction de l’urgence de la situation; son salut en dépend.

Pour bien faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’un gadget, les éditeurs ont voulu que le mode solo se pratique ainsi. Pas question, par exemple, de jouer avec deux amis, chacun prenant en main l’un des personnages. La grande aventure solitaire qu’est le jeu vidéo, cette fois, se pratique en triptyque.

De la même manière, le mode «off mission», que l'on pourrait appeler « temps libre », se pratique en temps réel dans les pas des trois personnages. Ils sont géographiquement et socialement très éloignés les uns des autres. L'un, Michael, habite une villa prospère entouré d'une femme exaspérante ( GTA peut être un brin mysogyne) et d'une fille qui passe sa vie à jouer à jeu vidéo de danse. Un autre, Franklin, vit dans un appartement modeste alors que le troisième, Trevor le psychotique, survit dans une caravane crasseuse du côté de l'équivalent de Salton Sea, l'endroit le plus glauque de Californie. Il ne manque plus que la puanteur du poisson mort, une des caractéristiques les plus pittoresques du lieu.

Dans cette configuration, le joueur peut aller d'un personnage à l'autre, faire un tennis ou un golf avec Michael, puis une balade en voiture avec Franklin et enfin, si le cœur lui en dit, se livrer à une bonne vieille bagarre de bar avec Trevor l'alcoolique. Tout GTA est là, entre transgression de tous les codes sociaux à la mesure de l'imagination du joueur, et accomplissement d'un destin de gangster de haute volée. Rendez vous au printemps.

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