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Libération

«Gîte Story» pour journalistes

par Isabelle Hanne
publié le 22 janvier 2010 à 10h44
(mis à jour le 22 janvier 2010 à 10h44)

C’est l’histoire d’un Belge, d’un Canadien, d’une Suisse et de deux Français. Cinq journalistes de radios francophones (Radio Canada, France Inter, France Info, la RTS et la RTBF), qui vont s’enfermer pendant cinq jours dans un gîte rural du Périgord, perdu dans la nature. Coupés du monde, donc, mais surtout coupés des sources d’information traditionnelles. Ni télé, ni radio, ni journaux, ni dépêches d’agences. Seul accès à l’actu : le site de micro-blogging Twitter et le réseau social Facebook. Initiative des Radios francophones publiques (RFP), l’opération s’appelle «Huis clos sur le Net» et aura lieu du 1er au 5 février.

L'expérience a pour but de mesurer la valeur des infos diffusées sur les réseaux sociaux. «On dit souvent que les médias traditionnels sont menacés par ces sources alternatives d'informations , rappelle Philippe Chaffanjon, directeur de France Info. Mais quelle lecture du monde a-t-on à travers Facebook et Twitter ? Cette éprouvette numérique n'a pas pour but de montrer que les médias traditionnels sont indispensables, ou le contraire. Ce qu'on cherche à savoir, c'est si on est informé de la même manière avec les réseaux sociaux qu'avec les médias classiques.»

Si les interventions sur les différentes antennes des cobayes-journalistes ne sont pas encore définies, les règles de ce «Huis clos» sont clairement établies. Les propriétaires de smartphone devront le laisser au vestiaire. Ils auront, pour se connecter, «des PC vierges de tout contenu» , précise le directeur de France Info. Ils pourront cliquer sur les liens mis en ligne sur Twitter et Facebook – sauf Janic Tremblay, le journaliste de Radio Canada, qui veut tenter l'expérience sans sortir des deux sites. Et interdiction, bien sûr, de sur­fer sur le reste d'Internet. «Ils se contrôleront mutuellement» , promet Chaffanjon. Enfin, ils devront se désabonner («unfollower» pour Twitter et «unfriender» pour Facebook) des sites d'infos.

«Les grosses infos tombent forcément sur Twitter, et souvent même avant l'AFP , constate Benjamin Muller, le «candidat» de France Info. Donc, des infos, on en aura. Par contre, on n'aura aucun moyen de les recouper.» Côté France Inter, c'est le journaliste Nour-Eddine Zidane qui s'y colle. «Sur Twitter, l'information est tout de même limitée à 140 caractères , confie-t-il. Je ne considère pas Twitter comme une source d'informations à part entière, mais comme une alerte. Je ne crois pas que ça remplacera un jour les médias traditionnels. Enfin, je vais peut-être changer d'avis.»

On a fait le test sur la journée d’hier. Sur Twitter, on a appris que Super Nanny était morte, que certains articles passaient au payant sur le site du New York Times, et qu’il y avait eu une nouvelle réplique du séisme en Haïti.

Et, sur Facebook, on a pu voir qu'un pote cherchait à vendre une doudoune (crevard), qu'une autre était «de bonne humeur, eh ouais», et qu'un troisième avait «fait le calcul : Henry Proglio est payé 228 euros de l'heure (les années non bissextiles…).»

Paru dans Libération du 21 janvier 2010

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