Google: Hollande cuisine Schmidt

par Isabelle Hanne
publié le 29 octobre 2012 à 21h02
(mis à jour le 30 octobre 2012 à 12h34)

Des entretiens de cet après-midi entre le président exécutif de Google, Eric Schmidt, et le gouvernement, on retiendra deux choses: le patron du moteur de recherche est resté 40 minutes avec la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, et 45 minutes avec le président de la République François Hollande. Aucun commentaire à la sortie de la réunion rue de Valois, aucune déclaration non plus sur le perron de l'Élysée – la cour était même fermée aux médias. «C'est toujours le cas avec les chefs d'entreprise, et Google n'a pas souhaité de rencontre avec la presse» , rétorque-t-on à l'Élysée.

La visite d'Eric Schmidt était «prévue depuis longtemps […] afin d'échanger avec [le gouvernement] sur la contribution d'Internet à la création d'emplois et au rayonnement de la culture française dans le monde» , indique-t-on chez Google. Il n'empêche, elle intervient alors que Google et les éditeurs de presse français sont à couteaux tirés. A l'instar de leurs voisins allemands, des journaux, réunis au sein de l'association de la presse d'information politique et générale (IPG), ont en effet adressé une proposition de loi au gouvernement, sur le modèle de la «Lex Google» d'outre-Rhin.

Ils souhaitent que les moteurs de recherche, surtout Google, leur payent des «droits voisins» du droit d'auteur, en échange de l'indexation de leurs contenus. Google, lui, rappelle qu'il redirige «quatre milliards de clics par mois» vers les éditeurs, et a menacé de déréférencer les journaux en cas de taxe.

À l'Élysée, Eric Schmidt a été reçu avec Francis Donnat, de Google France — une photo du service de presse de l'Élysée en atteste. François Hollande, Aurélie Filippetti, et la ministre déléguée à l'Économie numérique, Fleur Pellerin, leur faisaient face. Jusqu'ici, la position de ces deux ministres différait, la première étant favorable à une loi, la seconde préférant un accord négocié. Les deux ministres sont «totalement en accord chacune dans leur domaine de responsabilité» , assure l'Élysée, qui qualifie l'entretien d'hier de «réunion de travail» .

Comme Libération l'indiquait samedi , François Hollande a montré ses muscles: il laisse jusqu'à la fin de l'année à Google et aux éditeurs de presse pour trouver un accord, sinon, ce sera la loi. Ce qui donne dans un communiqué : «Le président a […] souhaité que des négociations puissent rapidement s'engager et être conclusives d'ici la fin de l'année entre Google et les éditeurs de presse. Il a souligné que le dialogue et la négociation entre partenaires lui paraissaient la meilleure voie, mais que si nécessaire, une loi pourrait intervenir sur cette question.»

Lire les réactions à cet article.

Pour aller plus loin :

Dans la même rubrique

Les plus lus